Les syndicats mettent en garde le chef de l'Etat contre tout "passage en force"

Les trois principales organisations syndicales l'invitent à privilégier le dialogue avec les partenaires sociaux avant toute réforme sociale. L'ex-directeur de campagne du chef de l'Etat, Claude Guéant, estime pour sa part que les syndicats ne pourront pas "aller contre l'avis" des Français.

Nombre de réformes sociales ont été annoncées par le candidat Nicolas Sarkozy, qui a promis qu'il irait vite pour les mener à bien une fois élu à la tête de l'Etat. C'est chose faite, et les syndicats sont dans l'expectative. Les réformes se feront-elles avec ou sans eux? Celle de la représentativité syndicale, cruciale pour l'avenir de la démocratie sociale, va-t-elle profondément modifier le paysage syndical? Pour l'heure, les trois principales confédérations mettent en garde le nouveau président de la République contre toute tentation de "précipitation ou passage en force" dans les dossiers sociaux, selon l'expression de Force ouvrière.

"Il importe de ne pas confondre vitesse et précipitation", a déclaré vendredi la centrale de Jean-Claude Mailly, car cela risquerait d'avoir un "effet boomerang" et de "fragiliser le dialogue social", faisant référence aux propositions d'assouplir le régime des heures supplémentaires, de fusionner l'assurance chômage et l'ANPE, ou de légiférer sur le service minimum en cas de grève dans les transports, l'autre grande réforme sociale annoncée. "Les attentes des salariés sont très fortes en termes d'emploi, de pouvoir d'achat et de protection sociale collective", rappelle par ailleurs FO.

La CGT et la CFDT, qui partagent cette crainte, enjoignent le nouveau chef de l'Etat de respecter la place et le temps des partenaires sociaux avant d'agir. Pour la CFDT, la "méthode" que choisira Nicolas Sarkozy pour conduire ses réformes sera "déterminante". "L'écoute, le respect des partenaires sociaux, la qualité du dialogue, la négociation" sont en effet "des éléments essentiels" de la "modernisation de la démocratie sociale" que la centrale de François Chérèque appelle de ces voeux. "Les réponses attendues par les salariés devront se construire avec la participation active des partenaires sociaux, dans le cadre de la loi sur le dialogue social", insiste la centrale cédétiste. Votée en janvier, la loi sur la modernisation du dialogue social prévoit une négociation entre le patronat et les syndicats avant certaines réformes sociales, et Nicolas Sarkozy s'est engagé auprès de François Chérèque à la respecter.

A la CGT, on accuse difficilement le coup de la large victoire de Nicolas Sarkozy, d'autant que la centrale de Bernard Thibault avait clairement mis en garde contre les dangers dont le programme du nouveau président de la République, ultralibéral à ses yeux, serait porteur. La CGT fait profil bas dans sa déclaration post-électorale, se félicitant de la forte participation et soulignant qu'"elle respecte le résultat du suffrage universel". La confédération craint par-dessus tout la marginalisation, d'autant que François Fillon, probable futur chef du gouvernement, a appelé à la constitution d'un pôle syndical réformiste, proposition qui tend à l'exclure des futures discussions triparites. La CGT tente de recréer un front uni avec la CFDT, susceptible de rassembler l'ensemble des confédérations avant les prochaines conférences sociales. Mais une telle stratégie avait échoué sur les retraites en 2003, où la CFDT avait fait voler en éclat l'unité syndicale en acceptant la réforme de François Fillon, suivie de la CGC.

La réponse du nouveau président de la République aux craintes des syndicats ne s'est pas faite attendre. Alors que Nicolas Sarkozy est parti lundi pour une "retraite" sur un yacht au large de Malte, son ex-directeur de campagne, Claude Guéant, s'est voulu rassurant. "Nicolas Sarkozy n'a aucune intention de passer en force. Il a dit clairement qu'il organiserait une concertation avec les partenaires sociaux afin de définir les modalités d'un dialogue qui aura lieu en septembre", a-t-il affirmé sur LCI. Pour autant, celui qui est pressenti pour le poste de secrétaire général de l'Elysée met en garde les syndicats contre toute volonté de s'opposer au "projet" de Nicolas Sarkozy. "Je vois mal les syndicats aller contre l'avis du peuple français", a déclaré Claude Guéant, soulignant que "les syndicats ne représentent que 8% des salariés" en France.

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