Le Medef favorable à un partenariat avec les formations de chercheurs

Dans une interview à la tribune.fr, Véronique Morali, présidente de la commission Dialogue économique du Medef, et Martine Pretceille, professeur des universités et directrice de l'Association Bernard Gregory, qui facilite l'insertion des jeunes chercheurs, dévoilent les initiatives destinées à inciter les jeunes chercheurs à se diriger vers les entreprises.

Latribune.fr : Pourquoi avez-vous organisé ce lundi 26 novembre, au Medef, le premier forum écoles doctorales-entreprises ?

Martine Pretceille : cette initiative, co-construite avec le Medef, est destinée d'abord à rendre compte de l'évolution du monde de l'entreprise vers la recherche et les docteurs. Elle symbolise aussi l'implication du monde économique dans la préparation des docteurs au monde de l'entreprise et de la recherche privée.

Véronique Morali : ce résultat de la collaboration entre le Medef et l'Association Bernard Gregory est destinée à tisser des liens entre université et entreprise et à mener des actions concrètes. Nous voulons inciter les entreprises, grands groupes comme PME, à se tourner vers les docteurs. Très peu d'entreprises ont le réflexe spontané de se tourner vers les écoles doctorales. Comment renforcer ces réflexes ? Voilà la question que nous tentons de résoudre. Plus globalement, cette journée vise à éviter que les nombreuses initiatives menées sur le terrain ne se perdent dans les sables.

Latribune.fr : seulement 19% (en 2001, derniers chiffres connus) des docteurs travaillent dans la recherche privée. C'est peu ...

Martine Pretceille : c'est exact. Mais les représentations changent dans l'entreprise et à l'université. Dans la réalité, un décret d'août 2006 place l'insertion professionnelle dans la mission des écoles doctorales. Aujourd'hui, notre initiative permet de créer une dynamique. Le constat est désormais établi pour agir ensemble et étendre les réponses que nous pouvons apporter pour favoriser l'emploi des docteurs en entreprise.

Latribune.fr : les docteurs qui ont travaillé en entreprise sous contrat CIFRE se placent mieux que les autres. Pourquoi si peu d'entreprises utilisent ces contrats, qui leurs permettent pourtant de disposer d'aides publiques ? De la même manière, pourquoi si peu d'entreprises accueillent des docteurs en post-doc ?

Véronique Morali : la faiblesse du nombre de contrats CIFRE ou de post-doc est effectivement une réalité. Mais encore faut-il que ces dispositifs soient connus des entreprises. Ce qui n'est pas le cas de toutes, loin de là. Notre initiative de ce jour vise aussi à inciter à l'utilisation de ces dispositifs par les employeurs au plan local. Il faut aussi amorcer les financements et développer l'information tant dans les écoles doctorales qu'auprès des entreprises.

Latribune.fr : plus précisément, quelles initiatives allez-vous mettre en place ?

Martine Pretceille : très concrètement, nous avons créé avec le Medef une formation destinée aux étudiants en licence et en master 1 et 2. Installée à titre expérimental en 2008, Avant-Thèse est destinée à inciter les étudiants à se diriger vers les formations à la recherche et leur faire découvrir le monde de l'entreprise.

Véronique Morali : dès le début de 2008, nous allons mettre en place des groupes de pilotage permettant de renforcer les liens entre les entreprises et les écoles doctorales des universités. Nous allons dès maintenant en définir les thèmes. Ces groupes devraient associer des DRH et des responsables Recherche et développement des entreprises ainsi que des représentants des écoles doctorales. Dans un premier temps, il nous faut organiser des rencontres avec des thèmes très précis et plus proches des entreprises afin de bâtir des programmes de rencontre qui nous permettront d'enclencher des rapprochements entre le monde de l'entreprise et celui de la recherche. Je reste toujours favorable à un partenariat avec les écoles doctorales.

Latribune.fr : le Medef et des grandes entreprises ont lancé l'opération Phénix afin de recruter des étudiants en lettre et sciences humaine. En terme de CDI signés, le bilan n'a pas été extraordinaire. En sera-t-il de même pour cette nouvelle collaboration entre le Medef et les universités ?

Véronique Morali : dans les deux cas, il s'agit d'un même travail à long terme. Le rapprochement entre ces deux mondes qui se sont ignoré pendant si longtemps ne se réussira pas du jour au lendemain. Pour parler précisément de Phénix, l'opération est malgré tout encourageante. Je note que les universités, comme celles de la Sorbonne, et les entreprises ont souhaité renouveler le partenariat. J'espère que notre nouvelle initiative envers les docteurs rencontrera le même succès.

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