Gazprom s'invite sur le marché du carbone

Le géant russe de l'énergie s'allie à Dresdner pour lancer une filiale commune de négociation des crédits carbone. La co-entreprise pourrait dégager jusqu'à 1 milliard de tonnes de crédits carbone grâce à ses investissements.

Gazprom, ardent défenseur de l'environnement? Il est permis d'en douter. Pourtant le géant russe de l'énergie se prépare à investir dans une série de projets destinés à réduire les émissions de dioxyde de carbone dans les pays d'Europe centrale et orientale ainsi qu'en Russie. Son but est précis: devenir un des principaux acteurs du marché du carbone. Un objectif qui ne devrait pas être trop difficile à atteindre pour le premier producteur de gaz mondial, au regard de son tissu industriel et des relations très fortes qui le lient à ses clients.

Carbon Trade & Finance SICAR, la co-entreprise qui rassemble Gazprombank, le bras financier de Gazprom et la banque d'investissement Dresdner Kleinwort, débute ses activités de négociation de "crédits carbone" aujourd'hui à Londres. La co-entreprise pourrait dégager jusqu'à 1 milliard de tonnes de crédits carbone grâce à ses investissements, estiment les spécialistes du marché du CO2. Soit potentiellement 15 milliards d'euros de permis d'émission négociables, sur la base des prix actuels des contrats à terme à échéance 2008.

Le protocole de Kyoto, qui propose un calendrier de réduction des émissions des six gaz à effet de serre considérés comme la cause principale du réchauffement climatique, permet en effet aux sociétés qui investissent dans des projets permettant de limiter les émissions de gaz à effet de serre de gagner des "crédits carbones". Ceux-ci peuvent ensuite être revendus aux pays industrialisés ayant ratifié le protocole de Kyoto (38 d'entre eux se sont ainsi engagés à une réduction globale de 5,2 % des émissions de dioxyde de carbone d'ici 2012 par rapport aux émissions de 1990).

Dans la deuxième phase d'application du protocole de Kyoto (2008-2012), ce seront les entreprises qui pourront acheter ces crédits carbone. Ces droits à polluer leur permettront alors de dépasser leurs quotas d'émission. Reste que pour l'instant, les échanges de "crédits carbone" font surtout le bonheur des banquiers, des investisseurs institutionnels et des hedge funds. Signe de la vigueur de ce nouveau marché, la Bourse de quotas de dioxyde de carbone basée à Paris, Powernext Carbon, a enregistré un volume record d'échanges en décembre. 5,8 millions de tonnes de CO2 ont été négociées, soit un total de 31,448 millions de tonnes en 2006 sur le premier marché au comptant des permis d'émission.

L'arrivée du géant Gazprom ne sera toutefois pas neutre pour le marché du CO2. Les projets mis en place en Russie et en Europe centrale et orientale pourraient augmenter l'offre totale de crédits d'émission de 10%. De quoi tirer significativement le prix du CO2 à la baisse.

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