Les routiers italiens suspendent leur grève qui a paralysé l'industrie du pays

La grève des chauffeurs routiers qui dure déjà depuis trois jours a rudement affecté l'industrie italiennne. Le constructeur automobile Fiat a ainsi dû arrêter la production de cinq de ses usines, mettant ainsi au chômage technique plus de 22.000 salariés. Mais les syndicats ont cependant appelé mercredi soir à la suspension du mouvement.

La situation s'est aggravée en Italie après trois jours de grève dure des routiers. L'économie du pays s'enferre dans la paralysie, à commencer par l'arrêt, symbolique, de la production du constructeur automobile Fiat. Depuis mardi midi, les chaînes de montage se sont arrêtées dans les cinq usines Fiat Auto et 22.000 personnes ont ainsi été renvoyées chez elles en raison du manque d'approvisionnement en pièces. Le groupe turinois craint même que la paralysie ne gagne ses autres sites de production et le contraigne à renvoyer chez eux quelque 50.000 ouvriers au total.

Plus largement, toute l'industrie, qui fonctionne à flux tendus pour l'approvisionnement en pièces et en matières premières, risque l'asphyxie, sans compter les problèmes de stockage de produits finis. "L'industrie mécanique, la pharmacie, l'agroalimentaire et l'édition subissent les conséquences les plus graves", indique-t-on à la confédération patronale Confindustria pour la Lombardie, poumon industriel du pays.

Le groupe Electrolux a ainsi dû mettre au chômage technique mardi et ce mercredi les 2.000 salariés de son usine de Porcia, faute de composants pour assembler ses machines à laver. Autre groupe italien en difficultés: Barilla. Le numéro mondial des pâtes va devoir mettre en vacances forcées quelque 3.500 salariés, la société voulant utiliser "tous les instruments de flexibilité possibles avant le chômage technique". Le groupe a en effet dû arrêter ce mercredi neuf de ses sites de production.

A la veille des fêtes de Noël, le conflit tombe au plus mal pour l'industrie agroalimentaire. "L'impossibilité de livrer les produits alimentaires périssables risque de nous contraindre à jeter d'importantes quantités de produits, avec des dommages élevés pour les sociétés, estimés à 210 millions d'euros par jour", indique la fédération de l'agroalimentaire dans un communiqué.

Pour le secteur de la pâtisserie industrielle, la paralysie du pays tourne même à la catastrophe. Chez Maina, spécialisé dans la fabrication de Panettone, le gâteau traditionnel italien de Noël, la production qui emploie 300 personnes est également arrêtée, alors que le groupe réalise 80% de son chiffre d'affaires sur deux semaines en fin d'année. La situation est identique chez le leader du secteur Bauli.

Autre préoccupation: la pénurie de carburant. Les stations-services ne sont en effet plus approvisionnées depuis vendredi. Déjà, il n'y a plus d'essence dans le centre de Rome ainsi que dans la province de Naples.

Chez les commerçants, les étalages se dégarnissent également sérieusement. "Nous avions deux à trois jours de réserve mais nous touchons la limite, en particulier pour le lait, la viande et les fruits", explique Donatella Prampolini, vice-présidente de la fédération des détaillants alimentaires, qui représente 60.000 petits et moyens commerces.

Le gouvernement italien tente de mettre fin à l'épreuve de force, sans succès jusqu'ici, le mouvement étant suivi à plus de 90% par les chauffeurs routiers. Ces derniers réclament des mesures d'aide pour compenser la hausse des prix du carburant, notamment sous la forme d'allègements fiscaux, pour un montant de 575 millions d'euros alors que le gouvernement ne propose que 190 millions.

Ce mercredi, à l'issue d'une réunion au ministère des Transports, les syndicats de chauffeurs routiers italiens ont d'abord appelé à la poursuite de la grève, tout en déclarant qu'ils allaient examiner les propositions du gouvernement, dont le contenu n'a pas été révélé.

Mais en fin d'après-midi, les deux grands syndicats représentant les chauffeurs routiers ont annoncé qu'ils suspendaient leur blocus. Les syndicats disent avoir pris cette décision parce que le gouvernement, qui a déclaré leur grève illégale, a fait des propositions concernant leurs principales revendications, en particulier sur le prix du diesel.

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