Le chaouabti, le répondant égyptien

Collectionner les antiquités égyptiennes n'est pas ruineux: on trouve des pièces vieilles de plusieurs milliers d'années à moins de 500 euros. Notamment ces petites figurines, innombrables. Visite auprès des défunts de la vallée du Nil.

Pour les Egyptiens, l'Au-delà que l'on atteint après la mort est une vallée riche où l'on retrouve les plaisirs de la vie, à condition d'en cultiver la terre fertile. Au Moyen Empire, pour leurs funérailles, ceux qui avaient les moyens d'une sépulture digne, se sont fait accompagner d'une petite statuette à leur effigie, bras repliés sur la poitrine, afin de travailler à leur place. Au fil du temps, les morts emportaient avec eux de plus en plus de ces figurines, généralement une pour chaque jour de l'année ou pour chaque tâche (semer, récolter, moudre,...).

Ces petites statuettes sans inscription étaient initialement en bois, d'où leur nom de "chaouabti" qui, avec la déferlante de modèles recouverts de textes plus ou moins sacrés est devenu "oushebti", appellation signifiant "répondant ou remplaçant". On trouve ainsi des figurines en bois dur ou tendre, en frite, en bronze, en albâtre, en calcaire, en faïence bleue, sculptées ou peintes, les pièces en grès, glaise ou terre cuite grossière étant réservées aux classes laborieuses... mais aisées. SAVOIR: Le marché des antiquités égyptiennes est très ancien, puisque dès le XVIIème siècle les connaisseurs aimaient en orner leur cabinet de curiosité. Aujourd'hui, les collectionneurs, qui longtemps ont porté leur intérêt vers les pièces ethnologiques ou scientifiques, se tournent davantage vers les objets de qualité muséale, de grande taille, avec un souci de décoration. Ainsi, les masques de sarcophages, les divinités animales, les bas-reliefs, les stèles ou les portraits (du Fayoum surtout) sont les pus recherchés, quand les amulettes, porte-bonheur, vases, sceaux et autres flacons semblent délaissés.

C'est aussi le cas des chaouabtis dont il passe un bon millier chaque année dans les salles des ventes, à raison d'une trentaine de vacations spécialisées. Il faut donc faire un choix, et collectionner selon un thème, taille, forme, matière, époque... Pour cela, il faut d'abord se documenter: ainsi, une figurine portant un "némès" est un accompagnant royal, une perruque un grand notable. Nombre de chaouabtis portent des hiéroglyphes, mais aussi des outils ou des positions (bras croisés) que seul un expert peut interpréter et dater. Ce sont ces différences, avec la taille de l'objet, sa finesse et le lieu - quand il est connu - de sa découverte qui déterminent sa valeur.

ACHETER: Paris est la capitale de l'art égyptien et les ventes aux enchères comme les galeries dédiées y sont très nombreuses, dans un marché qui échappe à la spéculation, les prix étant, en général, assez stables. Si un masque de sarcophage ou une stèle peuvent atteindre les 100.000 euros, on peut trouver de petits chaouabtis à partir de 100 euros. Mais comme la variété est très grande, les prix s'établissent en fonction de critères de qualité et d'origine. Pour un modèle en terre cuite, les prix tournent aux alentours de 400 euros, de 1.000 euros pour une céramique verte ou bleue, 1.300 euros avec une glaçure, 2.000 avec un outil ou un costume, 3.500 en calcaire ou en albâtre, 5.000 pour une grande taille (plus de 15 cm), 10.000 pour un modèle identifié, de très haute qualité, sachant que le record (230.000 dollars obtenu à New York en 2002) concerne une rare statuaire monumentale d'un fils de Ramsès II acquise par un musée américain.

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