Succès des ventes de yearlings à Deauville

Deauville accueillait jusqu'à lundi soir et depuis le vendredi 17 août sa célèbre vente de yearlings. Ces bébés pur-sang issus de la crème de l'élevage de chevaux de course français attirent chaque été la convoitise des grands investisseurs internationaux. A contre-courant des marchés boursiers, et contre toute attente, la hausse a dépassé les 20 %, avec un record à 1,4 million d'euros, très supérieur à ce qu'on avait vu sur la côte normande depuis longtemps.

Compte tenu de l'effondrement des marchés boursiers ces derniers jours et de la force relative de l'euro face au dollar, on pouvait craindre le pire pour les ventes de yearlings d'août à Deauville. Ceux qui investissent dans les chevaux de course, riches américains, japonais ou arabes, sont en effet généralement sensibles au contexte économique ambiant. D'ailleurs, les ventes de chevaux américaines de Saratoga, à New-York, début août, avaient été décevantes.

Pourtant, et malgré une météo capricieuse, la magie de Deauville a opéré. Dès vendredi soir, la centaine de chevaux passés sous le feu des enchères dans l'après-midi (il y en aura cinq cent tout au long des quatre sessions) faisait afficher un bilan très positif : chiffre d'affaire en hausse de plus de 20%, moyenne par yearling de plus de 180.000 euros, supérieure de quelque 30 % à celle de 2006, une année déjà considérée comme satisfaisante.

Le record a lui-même été atteint dès ce premier soir, avec un poulain présenté par l'un des grands élevages français, le Haras d'Etreham. Vendu par un propriétaire d'origine hollandaise qui investit dans les courses françaises depuis une quinzaine d'années, ce joli bai a été acquis pour 1,4 million d'euros par Coolmore Stud. Cette multinationale du Pur-Sang est basée en Irlande, pays où la fiscalité des activités hippiques a longtemps été la plus favorable d'Europe. Autre investisseur connu, le Sheikh Hamdan al Maktoum de Dubaï s'est rendu acquéreur d'une dizaine de sujets bien nés.

La tendance du premier jour s'est confirmée le week-end. Parallèlement, sur l'hippodrome de La Touques voisin, avaient lieu quelques célèbres courses du meeting estival, dont l'une a été remportée par Literato, un magnifique gris appartenant à Hervé Morin, le Ministre de la Défense. Profitant de ses derniers jours de vacances, celui-ci était présent pour soutenir son poulain, qu'il avait d'ailleurs acquis à Deauville également deux ans auparavant, pour la somme "raisonnable" de 60.000 euros.

Au final, ces ventes se sont conclues lundi soir par une moyenne d'environ 97.000 euros par cheval vendu, en hausse de 20 % par rapport à celle de 2006, pour un CA global de 37,5 millions d'euros (+25%)

C'est un indéniable succès pour la nouvelle structure d'organisation de ces ventes, Arqana, qui a remplacé l'an dernier la traditionnelle Agence Française de Vente du Pur-Sang, pilotée depuis vingt ans par l'emblématique Philippe Augier. Devenu maire de Deauville, celui-ci a souhaité prendre un peu de distance et a finalement trouvé une porte de sortie en conduisant en 2006 une restructuration pour le compte d'un nouveau pôle d'actionnaires menés par le Prince Aga Khan et la société de vente d'objets d'art ArtCurial.

La nouvelle entité regroupe les activités de l'ancienne Agence Française et de Goffs France, le concurrent qui organisait d'autres ventes de chevaux à Saint-Cloud. Elle a conforté son positionnement international et acquis la taille suffisante pour rivaliser désormais avec les grandes places européennes que sont Newmarket, en Angleterre, ou Kill en Irlande, mais aussi avec les géants américains de Keeneland, dans le Kentucky, ou de Saratoga.

Son président, Eric Hoyeau, qui a longtemps dirigé Goffs France, se réjouit de ce démarrage en trombe : "La vitalité du marché de Deauville est désormais clairement avérée ; les éleveurs de Pur-Sang français disposent ainsi d'une structure de commercialisation solide et pérenne qui doit les conforter dans leur volonté d'investir".

L'élevage de chevaux de course constitue en effet une activité importante, génératrice de milliers d'emplois ruraux, pour des régions comme la Normandie, le Centre-Est ou même le Centre ou le Sud-Ouest. L'environnement fiscal a été considérablement amélioré ces dernières années, mais la surproduction menace et seuls les acteurs qui sauront rester dans le haut-de-gamme pourront profiter des débouchés internationaux de Deauville.

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