Crise financière et responsabilité des administrateurs des sociétés

Nul ne sait vraiment si la crise financière actuelle ne sera que passagère ... Pour le président de l'Association Française de gouvernement d'entreprise (AFGE), elle pourrait atteindre son paroxysme à la fin du premier trimestre 2008, lorsque les entreprises présenteront leurs comptes 2007. Une échéance critique que tout détenteur de portefeuille devra surveiller de près.

Nous devons parler de crise financière, malgré les déclarations apaisantes et contradictoires des acteurs des marchés financiers des deux cotés de l'Atlantique.

Conséquence de la globalisation des marchés, qui favorise des mouvements considérables de capitaux sans régulation (plus de 100 000 milliards de dollars de dérivés de taux sont échangés sur le marché de gré à gré OTC), cette crise a été annoncée par deux signaux d'alerte : d'abord le naufrage du hedge fund Amaranth en septembre 2006 à la suite d'opérations hautement spéculatives de trading gaz-électricité ; ensuite au 1er semestre 2007 la défaillance de plusieurs fonds spéculatifs qui se sont très endettés en investissant massivement dans des produits financiers complexes adossés à des crédits hypothécaires américains à risque élevé, dits "subprime mortgages".

Douloureuse leçon ! Les marchés financiers ne sont pas un champ expérimental, et les conséquences se traduisent rapidement sur l'économie réelle (emplois et croissance).

Si le retournement de conjoncture et du cycle de taux se confirmait, un risque systémique pourrait surgir au 4ème trimestre 2007 lorsque les hedge funds et le private equity auront fait l'inventaire : la migration significative de capitaux vers le marché obligataire au détriment du marché actions, mouvement pouvant être amplifié par l'arrivée dans la zone euro de capitaux asiatiques et chinois investis en obligations.

A notre avis une crise financière globale est amorcée ; elle devrait durer plusieurs mois et pourrait atteindre son paroxysme à la fin du premier trimestre 2008, au moment où les entreprises publieront leurs résultats 2007. Alors la communication pourrait devenir difficile avec le risque de réputation associé aux exigences des lois de Sécurité Financière et Sarbanes Oxley, sanctionnant les défaillances dans la communication financière. Ces deux textes de loi ont prescrit la mise en oeuvre du contrôle interne dans les entreprises cotées, afin de garantir la transparence, la qualité et la sincérité des informations financières communiquées au marché, aux actionnaires et aux parties prenantes. Les Régulateurs nationaux, gendarmes boursiers, doivent veiller à la stricte application de ces textes et appliquer les sanctions en cas de non-respect de ces principes fondamentaux de la régulation, afin de préserver la confiance des investisseurs et des épargnants.

Dans ce cadre il est inacceptable qu'un dirigeant de banque, d'une entreprise ou d'une institution financière fasse des déclarations contradictoires ou inexactes sous prétexte de ne pas affoler le marché et de préserver son cours de bourse. Pour les banquiers, les trésoriers d'entreprise, les investisseurs institutionnels les placements à rendement élevé dans des fonds à haut risque devraient normalement être recensés dans les annexes du rapport sur le contrôle interne et être étroitement surveillés.

Il y va de la responsabilité des administrateurs et des mandataires sociaux devant les actionnaires, et également de la responsabilité globale de l'ensemble des acteurs des marchés financiers, dont les agences de notation qui devraient réviser leur code éthique. Aussi le transfert de créances douteuses par de grandes banques américaines et européennes à des fonds spéculatifs spécialisés dans la gestion dynamique ou multistratégie, crées au sein de leurs filiales de private equity ou de gestion alternative, ne réduit pas la responsabilité des dirigeants de ces banques

Même si la traçabilité des capitaux levés est estompée par la cascade de délégations, la responsabilité ne se délègue pas, elle doit s'assumer, surtout en période de crise financière.
La confiance des actionnaires et des parties prenantes est à ce prix ; elle ne se décrète pas, elle s'entretient et elle se mérite.

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