Pour le Syndicat de la magistrature, Sarkozy est "compréhensif avec les patrons voyous"

Dans un violent communiqué, l'organisation syndicale met en cause les projets du président de la République de mettre un terme à la pénalisation du droit des affaires. De son côté, Rachida Dati veut renouer avec les juges.

Les propos de Nicolas Sarkozy sur la dépénalisation du droit des affaires, tenus devant le Medef, déclenchent encore des polémiques. Cette fois, c'est le Syndicat de la magistrature qui "s'oppose avec force" aux projets du président de la République dans des termes peu amènes.

"Désormais très compréhensif avec les "patrons-voyous", le président de la République se range ostensiblement dans ce domaine aux côtés des délinquants contre les victimes (salariés, actionnaires, contribuables)", dénonce le syndicat qui ajoute: "le président de la République choisit d'envoyer un signal de connivence à ceux des dirigeants qui s'y livrent". Il souligne: "ces dernières années, la lutte contre la corruption a marqué le pas, ne bénéficiant pas de la même attention que la délinquance de rue de la part des responsables politiques".

"La pénalisation du droit des affaires est une grave erreur, je veux y mettre un terme", a déclaré le président de la République, lors de son intervention à l'université d'été du Medef. Il a aussi affirmé: "J'ai demandé à la Garde des sceaux Rachida Dati d'interdire la pratique des dénonciations anonymes". Sur ces deux points, il avait alors été vigoureusement applaudi par les patrons présents. Nicolas Sarkozy a confirmé ses propos lors d'un déplacement au tribunal de commerce de Paris jeudi.

La France est pourtant un pays où les sanctions pour délit économique sont peu nombreuses. Pour l'année 2005, une récente étude de la Chancellerie fait état de 4.056 condamnations en matière de législation sur les sociétés ou pour atteintes aux finances publiques, sur un total de 550.841, avec comme délits principaux les banqueroutes, les abus de biens sociaux, la corruption active ou passive, le trafic d'influence et la prise illégale d'intérêt.

Rachida Dati tente de réduire l'ire des magistrats
La ministre de la Justice, Rachida Dati, affirme aujourd'hui au Syndicat de la magistrature que le vice-procureur de Nancy ne serait pas poursuivi. Celui-ci avait été convoqué par la ministre pour ses propos jugés critiques contre la loi anti-récidive. "La ministre est dans une logique de dialogue. Il n'y a pas de rupture avec la magistrature, comme elle peut le constater lors de ses nombreux déplacements sur le terrain", déclare le porte-parole du ministère de la Justice. C'est un signe certain de la ministre pour se rapprocher des magistrats avec lesquels elle est en conflit larvé.

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