Kouchner en Irak, un petit air de Mitterrand à Sarajevo

Le ministre des Affaires étrangères vient d'entamer dimanche une visite officielle surprise à Bagdad. C'est la première d'un chef de la diplomatie française depuis l'invasion du pays en 2003 par les troupes américano-britanniques.

Un haut responsable diplomatique français faisant une visite surprise dans la capitale d'un Etat en pleine guerre civile, cela ne vous rappelle rien ? Bingo : François Mitterrand dans les rues de Sarajevo assiégée par l'armée serbe le 28 juin 1992. A ses côtés, Bernard Kouchner, alors secrétaire d'Etat à l'Action humanitaire.

Or, ce dernier, aujourd'hui ministre des Affaires étrangères du gouvernement Fillon à la demande de Nicolas Sarkozy - ce qui a scandalisé les amis socialistes du french doctor" - vient d'entamer dimanche une visite officielle surprise à Bagdad. C'est la première d'un chef de la diplomatie française depuis l'invasion du pays en 2003 par les troupes américano-britanniques.

"A l'invitation de M. Jalal Talabani, président de la République d'Irak , le ministre des Affaires étrangères et européennes vient d'entamer une visite officielle à Bagdad. C'est un projet auquel il réfléchissait depuis sa prise de fonctions", dit le Quai d'Orsay dans un communiqué.

Cette visite, après la récentre rencontre aux Etats-Unis entre George Bush et Nicolas Sarkozy, en vacances outre-Atlantique, va relancer les spéculations sur le resserrement des liens entre Paris et Washington, distendue depuis l'intervention américaine en Irak et sa condamnation très ferme par la France, notamment à l'ONU par le ministre des Affaires étrangères d'alors, un certain...Dominique de Villepin soutenu par la présidence de Jacques Chirac.

Bernard Kouchner avait exprimé en 2003 une position divergente de celle de Jacques Chirac sur l'intervention américaine, soulignant que l'inaction revenait à conforter le régime de Saddam Hussein et résumée par la formule : "ni la guerre ni Saddam".

D'ailleurs, aussitôt annoncée, cette visite a été saluée par la Maison-Blanche."Les Etats-Unis se félicitent de la visite du ministre français des Affaires étrangères Kouchner à Bagdad" a dit le porte-parole de la Maison Blanche pour les questions de sécurité nationale, Gordon Johndroe, à Crawford, au Texas, où le président George W. Bush est en vacances dans son ranch depuis lundi.

"C'est un exemple de plus, après le renforcement du mandat de la Mission de l'ONU en Irak, les récentes conférences avec les voisins de l'Irak et la décision de l'Arabie saoudite d'ouvrir une ambassade à Bagdad et d'annuler la dette de l'époque de Saddam (Hussein) de la volonté croissante de la communauté internationale d'aider l'Irak à devenir un Etat stable et sûr" a ajouté Gordon Johndroe.

Pas question toutefois pour Paris de faire totalement le jeu de Washington. "Bernard Kouchner se rend en Irak pour exprimer un message de solidarité de la France au peuple irakien et pour écouter les représentants de l'ensemble des communautés sans exclusive" a souligné le Quai d'Orsay.

Le ministère des affaires étrangères a précisé que la date du 19 août avait été choisie car elle coïncidait avec le quatrième anniversaire de l'attentat contre le QG de l'Onu à Bagdad, où avait péri notamment le Brésilien Sergio Vieira de Mello, ami de Bernard Kouchner et représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies. Bernard Kouchner devait déposer une gerbe en hommage à son ami sur les lieux de cet attentat. Il entendait aussi à Bagdad "porter le témoignage de la reconnaissance de la France aux personnels de l'ambassade qui servent à Bagdad avec courage et compétence" dit le ministère.

L'ancien fondateur de Médecins sans frontières (d'où le surnom de "french doctor") et ex-ministre socialiste de François Mitterrand, âgé de 67 ans, partisan de "l'ingérence humanitaire", est la principale figure de la politique d'ouverture à gauche du président Sarkozy.

Ses premiers pas ont été très critiqués par ses anciens amis socialistes qui ont raillé le fait qu'il avait été tenu à l'écart par l'Elysée des démarches engagées en Libye pour la libération des infirmières bulgares, finalement conclue par Cécilia Sarkozy, l'épouse du président de la République, et Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée.

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