Nicolas Sarkozy demande le gel des investissements français en Birmanie

Le président de la République a demandé aux groupes français de freiner leurs investissements en Birmanie. Il a également appelé à des sanctions après que la junte birmane a réprimé dans la violence les manifestations appelant à la démocratisation du pays. Neuf personnes ont été tuées jeudi.

Après avoir reçu mercredi le Premier ministre de l'opposition birmane en exil, le Dr Sein Win, Nicolas Sarkozy s'est prononcé en faveur de sanctions "sans tarder", demandant le gel des investissements des sociétés françaises en Birmanie.

"La France appelle l'ensemble de ses sociétés privées, Total par exemple, à faire preuve de la plus grande retenue, s'agissant des investissements en Birmanie en demandant qu'il n'y en ait pas de nouveau", a annoncé le président de la République.

De son côté, la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, Rama Yade, a défendu ce jeudi le fait que la France ne demandait pas un retrait de Total de Birmanie, tout en confirmant son intention de s'entretenir avec la direction de l'entreprise. "Imaginez que Total sorte de Birmanie, qu'est ce que ça change?", s'est-elle demandé lors d'un entretien avec la radio RTL.

"Le fait que Total soit présent en Birmanie n'a jamais empêché l'Union européenne de proposer et de rendre effectives ses propres sanctions", a-t-elle ajouté. Rama Yade a également déclaré que Paris "n'est pas l'un des partenaires principaux" de la Birmanie et que "la France à elle seule n'aura pas d'impact décisif" parce que "ses relations avec la Birmanie sont très relatives".

Quatrième groupe pétrolier mondial, Total exploite depuis 1992 le champ gazier de Yadana, dans le sud de la Birmanie. Il a produit en 2006 17,4 millions de mètres cubes de gaz par jour, qui alimentent des centrales électriques en Thaïlande. "Total n'investit plus en Birmanie depuis environ dix ans", a affirmé ce jeudi une porte-parole du groupe à l'AFP. "Il a investi massivement sur le projet de Yadana il y a une dizaine d'années, mais n'a pas prévu d'autres investissements depuis (...) Une filiale du groupe reste présente dans le pays, employant environ 270 personnes, pour continuer à faire tourner le projet de Yadana", a-t-elle ajouté.

Après plusieurs jours de manifestations menées par des moines bouddhistes, la patience des militaires au pouvoir depuis quarante-cinq ans en Birmanie à l'égard des manifestants favorables à une démocratisation du régime politique n'a pas duré longtemps. La junte a commencé dans la nuit de mardi à mercredi à réprimer le mouvement d'opposition. Au moins trois moines ont été tués lors des affrontements de mercredi.

Et les choses ont empiré ce jeudi. Neuf personnes, huit manifestants et un Japonais, ont été tuées, selon les médias officiels. A en croire la télévision nationale, contrôlée par la junte, onze manifestants, dont une femme, et 31 membres des forces de sécurité ont par ailleurs été blessés. Selon les médias officiels, "les protestataires ont lancé des briques, des bâtons et des couteaux en direction des forces de sécurité, donc les forces de sécurité ont été acculées à procéder à des tirs de sommation". Le citoyen japonais tué jeudi est un journaliste de l'agence photo et vidéo APF de Tokyo.

"La France n'acceptera pas que l'opposition birmane soit muselée", a déclaré de son côté Nicolas Sarkozy. "Je demande à la junte birmane de faire très attention au respect des droits de l'homme, s'agissant des manifestations pacifiques qui se déroulent en ce moment", a poursuivi Nicolas Sarkozy.

Ce dernier a également demandé que "l'Union européenne prenne des sanctions en conséquence des violations des droits de l'homme". "Je serai très heureux qu'une délégation de l'Union européenne puisse se rendre en Birmanie, Rama Yade dans ce cas représentera la France, de façon à ce que chacun comprenne la préoccupation française en la matière", a souhaité le chef de l'Etat français.

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