Faute d'intérêt, les banques américaines abandonnent leur projet de "superfonds"

Ce "superfonds" devait permettre aux banques de racheter leurs titres placés dans des SIV, des structures devenues impossible à refinancer avec la crise du "subprime". Mais le peu d'intérêt de certains groupes bancaires et le fait que des banques ont décidé d'intégrer les actifs détenus dans des SIV dans leurs comptes, ont rendu le "superfonds" inutile.

En pleine crise du "subprime", l'idée avait été poussée par le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson. Mais faute d'intérêt suffisant, le projet de "superfonds", destiné à racheter les actifs invendables détenus hors-bilan par les grandes banques américaines, a été abandonné, au moins dans l'immédiat. "Sur la base des retours que le consortium bancaire et ses conseillers ont obtenu (...), ces derniers ont déterminé que cette structure n'était pas nécessaire actuellement", ont indiqué les trois banques promoteurs du projet, Bank of America, Citigroup et JP Morgan Chase.

Dévoilé à la mi-octobre, ce fonds, baptisé M-LEC (pour Master Enhanced Liquidity Conduit), devait être initialement doté d'une puissance de feu de 75 à 100 milliards de dollars, selon des informations de presse jamais confirmées officiellement. Son objectif était de racheter les titres de dette complexes placés par les banques dans des structures autonomes de type SIV (Structured Investment Vehicles). Ces SIV n'arrivant plus à se refinancer sur un marché monétaire complètement paralysé, il fallait les aider à se débarrasser de manière ordonnée d'une partie de leurs actifs. La création du "superfonds" visait donc d'abord à éviter que certains SIV n'aient à vendre leurs actifs à des prix bradés, ce qui aurait pu avoir des conséquences en chaîne sur l'ensemble des marchés financiers.

Mais depuis, plusieurs grands établissements concernés au premier chef par le projet, comme Citigroup et HSBC, ont décidé de réintégrer dans leurs bilans les actifs détenus dans leurs SIV. Quitte à voir leurs ratios de solvabilité se dégrader et à devoir faire appel au marché.

De plus, les trois grandes banques japonaises, sollicitées chacune pour 5 milliards de dollars, ont également refusé de participer financièrement au "superfonds".

Si techniquement, le "superfonds" était prêt à fonctionner, les promoteurs du projet concèdent ne pas avoir réussi à mobiliser suffisamment de banques intéressées, alors que "plus de vingt" établissements ont participé aux discussions conduisant à la création de M-LEC.

Prévue pour le début 2008, l'entrée en service du "superfonds" est donc remisée au placard. Mais le consortium souligne qu'il continuera "à surveiller les conditions sur les marchés" et se dit prêt à continuer à travailler à toute solution appropriée pour rétablir le calme sur les marchés, "y compris, si nécessaire, une mise en service de M-LEC".

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