A 71 ans, Robert Redford n'a rien perdu de sa virulence. Créateur du festival de cinéma indépendant de Sundance, acteur dans des films engagés comme "Les Hommes du président" ou "Brubaker", il est cette fois de retour en tant que réalisateur - plus de six ans après son dernier long-métrage - pour une critique enlevée contre la politique américaine depuis le 11 septembre.

"Lions et agneaux" suit trois histoires qui s'entrecroisent sur un rythme tendu. La première, la plus incisive, montre le bras de fer entre une journaliste opposée à la guerre en Irak (Merryl Streep) et un sénateur républicain (Tom Cruise) qui tente de lui vendre sa nouvelle stratégie politique. Dans la deuxième, Robert Redford incarne un professeur cherchant à réveiller la conscience citoyenne d'un étudiant brillant mais blasé. Enfin, le troisième volet s'intéresse au destin de deux soldats partis combattre en Afghanistan.

Le titre du film fait référence aux paroles d'un général allemand qui aurait déclaré, à propos de l'armée anglaise lors de la Première Guerre mondiale, n'avoir "jamais vu de tels lions dirigés par de tels agneaux." Transposée aujourd'hui - où l'on continue à envoyer au combat du haut d'un bureau confortable - la phrase reste d'actualité. Mais plus que la guerre, c'est la notion d'"engagement" qui intéresse Robert Redford. Journalistes, politiciens, étudiants ou professeurs, tous, par leur action ou inaction, participent à la marche du monde sans toujours en avoir conscience.

Parce qu'il est bavard et didactique, "Lions et Agneaux" risque de ne pas plaire à tous. Reste qu'il suffit d'observer autour de soi pour se rendre compte que l'engagement citoyen n'est plus à la mode. Une piqûre de rappel ne peut pas faire de mal. Provenant d'Hollywood, elle est même salutaire.