La guerre interne est de retour chez Safran

Un apaisement a été tenté entre la direction du groupe et le conseil de ses opposants pour solder la guerre qui a ravagé le groupe jusqu'au départ de l'ancien président, Jean-Louis Béchat. Mais l'échec de cette tentative montre que les tensions sont loin d'être apaisées.

La bataille interne serait-elle sur le point de repartir à l'intérieur du groupe Safran ? Deux courriers le laissent supposer. Ils sont adressés à Jean-Paul Herteman, nouveau président du directoire de Safran par le cabinet conseil des "Arvernes", ce groupe qui s'était vigoureusement opposé à la prolongation du mandat de Jean-Paul Béchat à la présidence du directoire du groupe de haute technologie.

Dans ces courriers, dont latribune.fr détient une copie, il est fait référence à un dîner, "sollicité" par Jean-Paul Herteman, avec ce conseil. Ce repas se serait déroulé le 3 septembre 2007, le jour même de l'arrivée de Jean-Paul Herteman à la direction du groupe issu de la fusion de Sagem et de Snecma. Au menu, trouver un terrain d'entente pour stopper la guerre déclenchée entre les anciens de Sagem et ceux de Snecma, à peine conclue la fusion entre les deux firmes dans Safran.

Selon ces courriers, Jean-Paul Herteman se serait engagé à "procéder dans les délais les plus brefs à une enquête interne dans le groupe afin de vérifier, dans un premier temps, le caractère calomnieux de certaines accusations" portées contre certains dirigeants du groupe. Or, selon ces courriers, ces engagements n'auraient pas été tenus. Le premier, daté du 10 septembre, demande leur respect. Le second, daté du 24 septembre et intitulé "mise en demeure", exige la mise en oeuvre de l'enquête.

Contacté par latribune.fr, le groupe Safran s'est refusé à tout commentaire. Toutefois, selon nos informations, il semblerait que des réunions internes se tiendraient aujourd'hui mercredi, notamment, pour trouver une solution à un nouveau conflit qui ne laisse pas indifférent, c'est le moins que l'on puisse dire, les autorités politiques et administratives. Celles-ci semblent inquiètes d'éventuels "dérapages" engendrés par cette nouvelle passe d'armes, alors que de nombreuses rumeurs, pas forcément fondées, se répandent sur un éventuel accord entre Safran et Thalès voire entre Safran et Zodiac.

Fin 2006, un accord avait été trouvé pour stopper une première guerre entre anciens Snecma et anciens Sagem. Mario Coloiacovo, président du conseil de surveillance et ex-Sagem, avait accepté de quitter ses fonctions. Il avait été remplacé par Françis Mer. Jean-Paul Béchat, issu de Snecma et président du directoire, s'était engagé à quitter son poste le 2 septembre 2007, au moment de ses 65 ans, avant la fin de son mandat qui court jusqu'en 2008. Il avait souhaité ensuite la prolongation de son mandat jusqu'en 2008. Mais, le 19 juillet, le conseil de surveillance a confirmé la nomination à sa place de Jean-Paul Herteman, alors directeur général adjoint de Safran et PDG de Sagem Défense-Sécurité. Le 31 août 2007, Jean-Paul Béchat avait publiquement regretté la fusion entre les deux groupes au sein de Safran, lors de la diffusion des derniers résultats semestriels de sa présidence.

Le groupe qui se dénomme les "Arvernes", par ailleurs actionnaire très minoritaire du groupe, affirme avoir pour finalité la défense des intérêts français.

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