Arsenal devient le club de foot le plus riche d'Angleterre

Le succès du nouvel Emirates Stadium a permis aux Gunners d'afficher un chiffre d'affaires de 286 millions d'euros et de dépasser Manchester United. De quoi aiguiser encore les appétits.

Arsenal dépasse Manchester United. Et pas seulement sur le plan sportif. Car si les "Gunners" dominent actuellement la Premiership anglaise (les malheureux Béliers de Derby County, étrillés 5 à 1 la semaine dernière en savent quelque chose), le club londonien a également pris la tête du classement financier britannique.

Arsenal Holdings a annoncé un chiffre d'affaires record sur l'année fiscale 2006/2007 à 200,8 millions de livres sterling, soit environ 286 millions d'euros, ce qui en fait le club le plus riche d'Angleterre, devant le champion financier historique d'Albion, Manchester United. Désormais, Arsenal talonne le champion du monde financier des clubs, le Real Madrid.

Cette croissance de 46 % par rapport à la saison passée s'explique essentiellement par le déménagement des Rouge et Blanc de leur stade historique d'Highbury au tout nouveau Emirates Stadium. Ce dernier, qui dispose de 60.000 places, a affiché complet pendant toute la saison. Et, comme Arsenal en a profité pour relever le prix moyen des places ( qui voulait assister au match contre Chelsea devait compter entre 46 et 94 livres!), les revenus tirés du stade ont tout simplement doublé.

Evidemment, tout ceci a un coût: Arsenal s'est endetté et voit ses coûts financiers s'envoler et plomber le résultat net qui cède en un an 64 % à 21,4 millions de livres (30,6 millions d'euros), ce qui en fait malgré tout le club le plus rentable d'Europe. Keith Edelman, le directeur opérationnel du club, rappelle par ailleurs qu'une fois ses coûts apurés, les résultats du club profiteront directement du nouveau stade. Le modèle économique d'Arsenal est donc celui du long terme. En investissant dans la formation et le stade, le club londonien s'assure des revenus récurrents qui sont la clé du succès dans le football moderne.

Mais ce succès en termes de chiffre d'affaires a un goût particulier pour Keith Edelman. Depuis le mois de juin en effet, Arsenal suscite les convoitises de quelques milliardaires avides de sensations fortes. L'Américain Stan Kroeke a ainsi annoncé détenir 12 % du capital en juin. En août, c'est le russo-ouzbèke Alisher Usmanov qui annonçait avoir racheter les parts de David Dein, un ancien dirigeant en délicatesse avec l'équipe actuelle. Le 21 septembre, Usmanov revendiquait 21 % du capital. Arsenal pourrait donc subir le sort de Liverpool ou de Manchester United: être racheté par un riche homme d'affaires alléché par ses succès.

Or, la réussite d'Arsenal et les difficultés de Manchester United depuis son rachat en 2004 démontrent clairement, pour Keith Edelman, qu'un rachat serait une erreur économique majeure: l'indépendance financière semble être la clé du succès. Et Edelman de démentir Dein: "nous n'avons pas besoin d'un généreux donateur".

Pour le moment, rien ne dit qu'une OPA sera lancée sur Arsenal. Usmanov ne réclame officiellement qu'une place au conseil d'administration, mais il a annoncé qu'il entendait encore monter dans le capital. Les dirigeants actuels du club détiendrait 46 % des actions: Arsenal est donc théoriquement opéable. Coté sur le Plus Market, un marché non réglementé très peu liquide, Arsenal n'a pas échappé à la spéculation en dépit du prix élevé de son action (plus d'un million de livres) et du faible nombre de titres (pas plus de 6.400): l'action a gagné 30 % en deux mois!

Depuis le début de la semaine cependant, les cartes semblent se redistribuer: Stan Kroeke, se voyant distancé par Usmanov, et fâché de ne pas avoir pu acquérir les parts de David Dein, a annoncé qu'il soutiendrait en cas d'OPA la direction d'Arsenal. Un mouvement tactique qui complique la tâche d'Usmanov, mais ne met pas forcément à l'abri les Gunners...

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