Accord historique en Irlande du nord en vue d'une pacification

Le protestant Ian Paisley, du Parti unioniste démocratique (DUP), et Gerry Adams, chef de file du Sinn Féin, se sont mis d'accord pour partager le pouvoir à compter du 8 mai. Jusqu'ici, le révérend Paisley s'était toujours refusé à dialoguer avec Adams en raison des liens entre le Sinn Féin et l'Ira

Tournant historique en Irlande du Nord. Les deux principaux partis sont convenus ce lundi de partager le pouvoir à compter du 8 mai, mettant un point final à des décennies de violences meurtrières. Le protestant Ian Paisley, du Parti unioniste démocratique (DUP), et Gerry Adams, chef de file du Sinn Féin, l'aile politique de l'Ira, ont annoncé ensemble la nouvelle à l'issue de leur première rencontre en face à face à Belfast.

Tony Blair, principal artisan du laborieux processus de réconciliation en Irlande du Nord, a immédiatement salué ce succès historique, bienvenu avant son départ de Downing Street dans quelques mois. "C'est un jour très important pour la population de l'Irlande du Nord (...). D'une certaine manière, tout ce que nous avons entrepris ces dix dernières années a préparé ce moment", a déclaré le Premier ministre britannique. "La population d'Irlande du Nord (...) a dit: 'nous voulons la paix, partager le pouvoir et travailler ensemble', et les responsables politiques se sont ralliés (à ce souhait) et ont dit: 'nous allons faire ce que veulent les gens'", a ajouté Tony Blair.

Son homologue irlandais, Bertie Ahern, a estimé que cet accord "pouvait changer l'avenir de l'île". Le département d'Etat américain a salué une "réunion historique". Auparavant, le vieux chef de file du DUP avait déclaré en annonçant l'accord: "je crois que nous pouvons jeter les fondements d'un avenir meilleur, pacifique et prospère pour l'ensemble des habitants de l'Irlande du Nord". "Nous ne devons pas laisser notre exécration justifiée des horreurs et des tragédies du passé faire obstacle à un avenir meilleur et stable pour nos enfants", a-t-il ajouté.
Son ancien rival, Gerry Adams, s'est également réjoui de cette avancée, affirmant que cet accord marquait "le début d'une nouvelle ère politique sur cette île". "C'est un nouveau départ, avec l'aide de Dieu", a-t-il dit.

D'ici au 8 mai, Ian Paisley qui devrait devenir chef du gouvernement régional de cohabitation, rencontrera régulièrement son vice-Premier ministre pressenti, le catholique Martin Mc Guinness, ancien commandant de l'IRA. Il doivent se mettre d'accord sur les dix postes de ministres du gouvernement semi-autonome, suspendu depuis plusieurs années.Le DUP et le Sinn Féin sont arrivés en tête aux élections législatives régionales du 7 mars, avec respectivement 36 et 28 des 108 sièges de l'Assemblée nord-irlandaise, et les portefeuilles sont distribués de manière proportionnelle. Les nouveaux partenaires doivent encore rencontrer le ministre britannique des Finances Gordon Brown au sujet de l'enveloppe de 35 milliards de livres (51,4 milliards d'euros) sur quatre ans, promise la semaine dernière pour le développement économique de l'Irlande du Nord.

Londres et Dublin exerçaient depuis des années de fortes pressions pour que les anciens "frères ennemis" d'Irlande du Nord s'entendent sur un partage du pouvoir, une étape considérée comme cruciale pour cimenter la paix dans une province ravagée pendant des dizaines d'années par la violence.

Le DUP souhaite maintenir les liens unissant l'Irlande du Nord à la Couronne britannique, alors que le Sinn Féin, ex-vitrine politique de l'Armée républicaine irlandaise (Ira), vise à terme une hypothétique réunification de l'Irlande.
La Grande-Bretagne avait fixé à ce lundi minuit la date butoir pour parvenir à un accord sur le partage du pouvoir, faute de quoi la province continuerait d'être administrée directement par Londres.

Samedi, le DUP du pasteur Paisley avait réclamé un sursis jusqu'en mai. Londres avait laissé entendre qu'il pourrait accepter ce délai en cas d'accord sur un calendrier par l'ensemble des partis nord-irlandais. Jusqu'ici, le révérend Paisley s'était toujours refusé à dialoguer avec Adams en raison des liens entre le Sinn Féin et l'Ira, la milice catholique tenue pour responsable de près de la moitié des 3.600 assassinats commis dans la province pendant les trente ans qu'a duré le conflit en Irlande du Nord.

Mais lundi, il s'est assis autour de la même table que son ancien ennemi. Les deux hommes se sont abstenus toutefois de se serrer la main. L'assemblée parlementaire nord-irlandaise, issue de l'accord dit du vendredi saint signé le 10 avril 1998, avait été suspendue en 2002 à la suite d'allégations selon lesquelles l'Ira espionnait ses activités au château de Stormont, dans les environs de Belfast.

Le pasteur Paisley s'était opposé à l'accord de 1998 ainsi qu'aux expériences ratées de partage du pouvoir qui ont suivi. En 2005, l'Ira avait toutefois satisfait l'une des principales exigences du chef de file du DUP en s'engageant à déposer les armes et à se battre de manière pacifique pour une Irlande unifiée.

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