La proposition du Sénat américain sur l'immigration ne fait pas l'unanimité

Après trois mois d'intense débat, les élus démocrates et républicains au Sénat américain ont réussi à se mettre d'accord sur une nouvelle proposition. Qui préconise une amende pour les clandestins, cherche à privilégier les travailleurs qualifiés et rend plus difficile le regroupement familial. Autant d'éléments qui ne font pas l'unanimité.

Certes, le texte sur l'immigration rendu public en fin de semaine dernière par le Sénat américain est encore loin d'être une loi. Il ne sera débattu que cette semaine en séance plénière et pourrait déjà être amendé. Quant à la Chambre des représentants, elle ne se penchera sur une législation concernant l'immigration qu'en juillet prochain. Reste que déjà, le texte, que les élus démocrates et républicains ont adopté après plus de trois mois d'âpres débats, soulève l'émotion.

Car il s'appuie sur une philosophie totalement différente de celle qui a guidé la dernière loi sur l'immigration, en 1965. Si, depuis cette date, des vagues de régularisation des émigrés clandestins ont bien eu lieu, cette fois, si le texte des Sénateurs est accepté au final, ces illégaux devront payer une amende, de 5.000 dollars, pour rentrer dans la légalité. Et ils devront aussi rentrer chez eux, afin de postuler pour un permis de travail américain assorti d'un emploi.

En outre, ils auront plus de mal à obtenir leur carte verte, symbole de la liberté définitive de travailler aux Etats-Unis. Celle-ci sera en effet délivrée en fonction d'un système de points, attribués selon les qualifications des travailleurs et de leur capacité à parler l'anglais. Enfin, ils devront attendre des années s'ils veulent faire venir leur famille aux Etats-Unis.

Autant d'éléments qui ne laissent personne indifférent. Notamment chez les conservateurs anti-immigration, qui estiment que le texte est trop accommodant pour des gens qui ont "coupé la file" en entrant illégalement dans le pays, et chez les défenseurs des illégaux, qui estiment que le texte est immoral et surtout, qu'il ne pourra jamais fonctionner.

Il est vrai que certaines des dispositions prévues, comme la difficulté à effectuer des regroupements familiaux, pilier du système d'immigration américain depuis des années, peuvent posent des questions d'ordre moral. D'autres, en revanche, pourraient tout bonnement rencontrer des difficultés pratiques. Ainsi, l'amende de 5.000 dollars que chaque clandestin devra payer correspond grosso modo à plus de 14 fois son salaire hebdomadaire moyen, remarque le New York Times dans un récent article. "Es mucho dinero" ("cela fait beaucoup d'argent"), fait valoir un immigrant mexicain interrogé par le Christian Science Monitor, quotidien humaniste de Boston. Comment les clandestins pourraient-ils réunir une telle somme ? Comment, en outre, pourraient-ils, compte tenu de la précarité qui entoure le travail au noir, rentrer chez eux et espérer retrouver leur emploi à leur retour aux Etats-Unis ?

Bref, pour certains observateurs, si l'un des objectifs d'une future loi sur l'immigration est de régulariser quelque 12 millions de clandestins, il est probable qu'il ne soit pas atteint. Ce qui ne veut pas dire que les clandestins ne continueront pas à affluer. Car si Washington souhaite de la main d'oeuvre qualifiée, l'économie américaine a toujours besoin de jeunes femmes pour garder les enfants, d'ouvriers maçons sur les chantiers, de garçons de café et de petites mains en tous genres...

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