Air France évalue à 60 millions d'euros le coût de la grève

Un plan de négociation est organisé pour traiter des salaires et des conditions de travail des hôtesses et des stewards.

Quelque 60 millions d'euros. Voilà la première estimation du coût de la grève de cinq jours des hôtesses et stewards sur le résultat d'exploitation d'Air France, selon la compagnie. Ce premier chiffrage, publié ce mardi 30 octobre, se décompose en une perte de recettes de 80 millions d'euros moins une réduction de charge de 20 millions d'euros, en raison, notamment du carburant non utilisé.

La facture pourrait être majorée dans les prochaines semaines des notes d'hôtel ou de taxis présentées par les passagers n'ayant pu embarquer. Air France "ne remboursera [aux tour-operators] que les billets d'avions mais pas les forfaits touristiques associés", déclare la compagnie. La perte d'exploitation liée au conflit pourrait être atténuée, si des passagers préfèrent reporter un voyage plutôt que d'en demander le remboursement.

Cette estimation, à affiner, arrive en tout cas tôt et à point nommé alors que la direction et les syndicats se sont mis d'accord, ce mardi, sur un plan de réunion de négociation qui devrait s'achever à Noël.

Une vingtaine de réunions de négociations sont en effet organisées d'ici à Noël. Elles visent à parvenir à un accord sur un changement de la rémunération et des conditions de travail. Selon un document transmis par la direction d'Air France aux syndicats, que révèle l'AFP (Agence France Presse) ce mardi 29 octobre, ces rencontres devraient aborder la réforme de la rémunération, l'organisation de l'activité (planning, congés, temps partiel), la protection sociale, la sécurité, la formation ...

Dans ces négociations tendues, cette perte de 60 millions pourrait être utilisée comme un argument auprès des salariés pour peser sur les syndicats. Des salariés fiers de leur compagnie qui a réussi à se tailler une place de choix parmi les autres compagnies de taille mondiale. Un des prédécesseurs de Jean-Cyril Spinetta, Christian Blanc, avait, en 1994, fait appel aux salariés, court-circuitant les nombreux syndicats de l'entreprise. De même, la direction a demandé 44 millions de dommages et intérêt à FO, l'Unsa et au SNPNC pour ne pas avoir respecté les accords de veille sociale.

Ces négociations s'engagent, de plus, dans la division, pour les syndicats. La réunion de mardi a été marquée par un affrontement entre l'intersyndicale CFTC-FO-SNPNC-Unsa-Sud Aérien (60% des hôtesses et stewards d'Air France) et la CGT (14%). Cette dernière appelait lundi à une poursuite de la grève. Elle n'avait pas été suivie par les autres syndicats.

Mais la direction d'Air France, dont le comité exécutif compte nombre de spécialistes du social, pourrait aussi s'introspecter. Son DRH, Jean-François Colin, ancien conseiller social de François Mitterrand, ancien patron de l'ANPE, n'a rien vu venir. Il est d'ailleurs apparu bien en retrait lors de la grève. Laquelle a montré que les dispositifs de veille sociale tant vantés par les entreprises publiques, notamment Air France, ne permettent pas de contrôler des mouvements menés par des salariés jeunes et nouvellement embauchés.

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