Le patron de Total a été mis en examen

Christophe de Margerie, numéro un du groupe pétrolier, a été mis en examen jeudi soir. Il avait quitté la police financière de Paris en fin de matinée pour être présenté au juge d'instruction chargé de l'enquête sur des soupçons de corruption en Iran. Mercredi soir, quatre autres cadres et anciens dirigeants de Total, interrogés à la brigade financière, ont été remis en liberté.

Cette fois, c'est fait, le nouveau patron de Total a été mise en examen pour "corruption". A l'issue de sa garde à vue, qui avait été prolongée ce matin, le directeur général du premier groupe français en termes de chiffre d'affaires et de capitalisation boursière, qui a récemment succédé à Thierry Desmarest (resté président du conseil d'administration) avait quitté les locaux de la brigade financière dans une voiture de police.

Christophe de Margerie a ensuite été déféré devant le juge Philippe Courroye, pour une mise en examen, confirmée jeudi soir par Total et considérée dès jeudi matin comme possible voire probable. Il était entendu depuis hier matin dans le cadre d'une enquête pour "abus de biens sociaux" et "corruption d'agents publics étrangers".

Des soupçons de corruption portent en effet sur la signature d'un contrat entre Total et la société pétrolière nationale iranienne (NIOC), en 1997. L'accord portait sur l'exploitation d'un champ gazier appelé South Pars, partagé entre Total, Petronas et le russe Gazprom.

Dans cette affaire, des fonds, dont la trace a été retrouvée en Suisse, auraient été versés de façon illicite par des dirigeants du pétrolier français à des décideurs iraniens, entre 1996 et 2003, en vue de s'assurer l'obtention du marché gazier iranien. Près de 100 millions de francs suisses (60 millions d'euros) auraient transité sur deux comptes d'un intermédiaire, dont l'identité n'a pas été dévoilée.

Ces sommes constitueraient un paiement occulte en marge de ce contrat, selon la justice suisse. L'argent a été saisi par la justice helvétique qui a ouvert sa propre enquête pour blanchiment de capitaux. C'est la transmission à Paris des résultats de cette procédure qui a entraîné l'enquête en France.

Dans ce cadre, le directeur général de Total a été placé en garde à vue mercredi matin, ainsi que Robert Castaigne, son directeur financier, Philippe Boisseau, le directeur général du secteur gaz-électricité, l'ancien patron de South Pars Michel Naylies et l'ancien cadre du groupe Patrick Rambaud. Les quatre hommes ont été remis en liberté mercredi dans la soirée.

Une première perquisition a été conduite début 2006 chez Total à Paris dans le cadre de ce dossier, mais n'a rien donné en raison d'obstacles juridiques aujourd'hui levés.

Le groupe Total, qui a confirmé mercredi matin la convocation de Christophe de Margerie à la brigade financière, "assure ses collaborateurs de sa complète solidarité et affirme que les accords ont été signés dans le respect de la loi". Elle a regretté "des atteintes manifestes au secret de l'instruction", souhaite que l'enquête "puisse être conduite dans la sérénité" et reste "confiante que la justice établira l'absence d'infraction".

La compagnie qui ne s'était plus exprimé depuis est sortie de son silence jeudi soir pour confirmer la mise en examen de son directeur général et souligner que "le groupe est confiant dans le fait que la justice établira l'absence d'infraction et réaffirme qu'il exerce ses activités dans les respect des lois et selon son code de conduite et ses valeurs et ce quelles que soient la difficulté et la complexité de ses métiers".

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