Bill Frenzel : "L'accord sur le commerce entre le Congrès et la Maison-Blanche est une excellente nouvelle pour les échanges internationaux"

Bill Frenzel est Economiste, spécialiste du commerce international à la Brookings institution, think tank non-partisan basé à Washington. Il répond aux questions de latribune sur l'accord que viennent de conclure l'administration Bush et les Démocrates et qui prévoit la prise en compte de normes sociales et environnementales dans les accords commerciaux signés par les Etats-Unis.

La Tribune.fr - Outre le fait que c'est la première fois que la Maison-Blanche et le Congrès trouvent un terrain d'entente depuis les élections de mi-mandat, pensez-vous que cet accord va relancer les négociations au sein de l'OMC ?

Bill Frenzel.- Il faut d'abord souligner que cet accord était loin d'être garanti. Je suis moi-même surpris de la relative rapidité avec laquelle il a été conclu. Sans préjuger de l'avenir, je pense que ce compromis qui insuffle des conditions environnementales et sociales dans les textes commerciaux va ouvrir la voie à d'autres accords de libre-échange que pourraient signer les Etats-Unis dans les deux ou trois années à venir. De même, je pense que cela va faciliter le renouvellement de la loi du "Trade Promotion Authority", que l'on désigne habituellement par l'expression "fast track" et qui donne au président Bush les pouvoirs spéciaux pour négocier des accords commerciaux. Cette loi expire le 1er juillet prochain et sans son renouvellement, il sera impossible aux Etats-Unis de participer aux négociations actuelles du cycle de Doha.

- Cet accord signifie-t-il que les Démocrates en ont fini avec leurs penchants protectionnistes ?

B.F. - Absolument pas. Ce compromis a été signé parce que les syndicats américains, qui sont l'un des principaux soutiens des Démocrates, l'ont bien voulu. De plus, les dispositions sociales et environnementales qui seront désormais inclues dans tout accord commercial sont inspirées des textes de l'Organisation internationale du travail (OIT et répondent donc aux exigences des syndicats qui ne cessent de dénoncer la concurrence déloyale de pays moins regardants en matière de droits syndicaux ou d'interdiction du travail des enfants ou des prisonniers. De plus, il ne faut pas se leurrer, ce compromis facilite peut-être de futurs accord mais il est loin de les garantir. Rien ne dit que tous les élus démocrates les ratifieront. Le libre-échangisme n'est pas leur priorité.

- Quand on prend connaissance des dispositions de ce compromis sur le commerce, on se dit que les Démocrates pourraient un jour essayer de l'imposer aux échanges avec la Chine...

B.F. - Vous avez raison. L'accord entre la Maison-Blanche et le Congrès n'est pas rétroactif et de nombreux membres du Congrès le regrettent certainement. Mais les griefs à l'encontre de la Chine et des conditions de travail qui y existent peuvent s'exprimer autrement. Je ne serai pas surpris si le différend à propos de la sous-évaluation du yuan venait à réapparaître au cours des prochaines semaines. Le secrétaire d'Etat au Trésor, Henry Paulson a réussi à obtenir un sursis et à empêcher que les élus ne passent un texte condamnant la Chine pour sa politique de change déloyale mais la patience du Congrès n'aura qu'un temps...

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