Alstom veut épouser Areva sans le démanteler

Dans un entretien accordé au quotidien "Les Echos", Patrick Kron, PDG d'Alstom, tente de réassurer Anne Lauvergeon, présidente du directoire d'Areva, en indiquant qu'il ne veut pas que le groupe nucléaire français soit démantelé dans le cadre d'une éventuelle privatisation.

Le jeu de go continue dans le cadre de la réflexion sur l'avenir de la filière nucléaire française. Malgré les réticences affichées de la patronne d'Areva, Anne Lauvergeon, Patrick Kron, PDG d'Alstom continue de militer pour une fusion des deux groupes, afin de créer "le leader mondial des équipements de production d'électricité". Et pour bien montrer qu'il souhaite voir aboutir son projet, Patrick Kron tente de rassurer sa cible en déclarant au journal Les Echos de ce mardi qu' "Areva ne doit pas être démantelé" rejoignant ainsi le point de vue d'Anne Lauvergeon.

Pas question donc à ses yeux de séparer les activités industrielles d'Areva réunies dans l'ex Framatome pour les marier à Alstom et de laisser de l'autre côté les activités amont et aval - de l'ex Cogema, fusionnée avec Framatome pour créer Areva sous le contrôle du CEA, le commissariat à l'énergie atomique - à savoir l'extraction et le traitement de l'uranium puis en bout de chaîne le retraitement du combustible nucléaire, domaines dans lesquels la France avec Areva (et son usine de La Hague) détient un savoir-faire unique au monde.

Le patron d'Alstom prône d'autres méthodes pour "préserver la primauté du politique sur les activités sensibles du cycle du combustible nucléaire". Dans ces domaines, il évoque la "mise en place d'une golden share" évoquant ce que "le gouvernement britannique avait fait pour Rolls Royce". Mais pour Patrick Kron, l'essentiel est "d'obtenir un effet de masse".

Par ailleurs, Patrick Kron estime que Siemens n'est un obstacle à une éventuelle fusion entre son groupe et Areva. Le groupe allemand détient 34% d'Areva NP, fabricant de turbines nucléaires, et a manifesté son intention de rester voire de se renforcer. "Dire qu'un éventuel retrait de Siemens du capital d'Areva NP créerait des difficultés commerciales en Allemagne n'a pas de sens. Alstom, bien qu'en concurrence frontale avec Siemens, occupe des positions fortes auprès des électriciens allemands : 35% de la capacité électrique allemande a été fournie par notre groupe" souligne le PDG d'Alstom.

Autant d'arguments que le gouvernement français va devoir tenir compte pour arrêter sa position sur l'avenir de la filière nucléaire française. Deux options semblent se dessiner: soit le développement autonome d'Areva avec une ouverture plus importante de son capital, ou une fusion pure et simple d'Areva avec Alstom. Mais Patrick Kron prévient: seule la fusion le motive. "Une prise de participation minoritaire dans le cadre d'une mise en Bourse d'Areva ne m'intéresse pas".

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