Libération change de statut pour mieux se redresser

Avec le vote favorable des actionnaires au changement de statut, Libération devient une société anonyme à directoire et conseil de surveillance.

"Nous sommes sortis de l'enfer et nous rentrons dans le purgatoire", a déclaré aujourd'hui, vendredi, Laurent Joffrin, patron Libération, à l'issue de l'assemblée générale extraordinaire des actionnaires durant laquelle ces derniers ont voté à l'unanimité en faveur du changement de statut du quotidien. Le vote des actionnaires, qui intervient au lendemain du vote également favorable des salariés, entérine la transformation de Libération en société anonyme dotée d'un directoire et d'un conseil de surveillance.

Les actionnaires de Libération ont également voté pour le principe de sa recapitalisation, a indiqué son PDG, Laurent Joffrin. Les actionnaires actuels ont accepté de remettre les compteurs à zéro concernant leur participation dans le quotidien, pour permettre la venue de nouveaux actionnaires et la recapitalisation à hauteur de 15 millions d'euros, qui entraîne une nouvelle répartition du capital.

Dans le nouveau tour de table, Edouard de Rothschild restera l'actionnaire principal, avec 38,7% du capital. L'éditeur italien Carlo Caracciolo, 81 ans, va devenir le deuxième actionnaire de Libération avec 33,3%. Cet homme de gauche richissime met personnellement dans l'affaire 5 millions d'euros. Les autres actionnaires de Libération sont : Pathé (10%), Mediascap (8%), Suez (2%), des investisseurs personnels comme André Rousselet, Pierre Bergé...((8%), les salariés (1%), les lecteurs (1%).

Interrogé par l'AFP, Carlo Caracciolo a indiqué qu'il voulait "mettre un pied en France" depuis longtemps. "J'ai pensé que je pourrais être utile pour sauver un titre beau et noble. Si Libération venait à mourir, il manquerait une voix dans le choeur général en France". Selon lui, "la ligne politique de Libération doit être plus ou moins protégée. D'autre part, il y a d'excellents journalistes, qui doivent être un peu mieux valorisés".

"Je voudrais apporter à Libération la possibilité d'utiliser les services de La Repubblica (deuxième quotidien national italien, propriété du groupe L'Espresso), au niveau de l'imprimerie, de la distribution et de la publicité. J'aimerais lui offrir la compétence d'un autre grand journal, qui en est très proche politiquement", a expliqué le patron de presse italien.

Au plan financier, Libération, qui devrait avoir terminé 2006 sur une perte de quelque 12 millions d'euros, fait l'objet depuis octobre d'une procédure de sauvegarde, qui permet le gel de ses dettes et de ses créances. Dans ce cadre, les banques créancières ont accepté d'abandonner 70% de leurs 10 millions d'euros de créances, les 30% restant étant remboursables sur cinq ans. Le paiement des créances des fournisseurs (6,8 millions d'euros) et de l'Etat (12 millions d'euros) est, lui, échelonné sur dix ans.

Selon Edouard de Rothschild interrogé par Le Monde, Libération commencera "à dégager des bénéfices en 2008". "Nous avons un plan sur trois ans et nous prévoyons un retour à l'équilibre à la fin de 2007", a-t-il déclaré. A propos de la recapitalisation du journal, il estime qu' "une étape importante dans le sauvetage et la survie de Libération" est franchie, mais que "ce n'est pas terminé". "Nous repartons sur de nouvelles bases, une culture nouvelle, un mode de fonctionnement différent", dit-il.

Concernant la relance du quotidien, le premier actionnaire du quotidien indique que "l'objectif est de faire un journal de qualité en modernisant les processus, en mobilisant toutes les énergies et surtout en travaillant plus". "C'est une vraie refondation, estime-t-il, une vraie rupture avec l'époque Serge July", l'ancien PDG du journal.

Reste désormais à la direction de Libération de régler le douloureux départ de 76 personnes sur 276 salariés...

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