Chaud les frais

Il y a le prix d'adjudication, et le prix d'achat effectif. A l'enchère annoncée s'ajoutent toujours des frais, qui font monter la note, jusqu'à 25%. Explications

Jadis, acheter aux enchères était simple. Non que les procédures aient désormais changé, il suffit toujours de renchérir, mais avec la libéralisation du marché de l'art, la note est devenue plus salée. Avant 2001, les commissaires priseurs étaient des officiers ministériels agréés qui appliquaient un barème simple et unique selon les objets. Les livres par exemple étaient moins taxés que les tableaux. On tournait autour de 15 à 17% du prix annoncé.

Aujourd'hui, les commissaires priseurs sont des chefs d'entreprises - d'une SVV, société de ventes volontaires - et appliquent librement ce que pudiquement on appelle "les frais", c'est-à-dire la somme d'argent que l'acheteur paye en plus de son adjudication, du prix annoncé quand le marteau est tombé.

Et là, surprise, ces frais viennent sacrément alourdir la note: ils s'étalent entre 18 et 25% TTC, généralement autour de 22%. Passée une certaine (grosse) somme, ces frais peuvent être dégressifs. Ainsi, un tableau orientaliste d'Etienne Dinet adjugé 1.550.000 euros a été finalement facturé 1.920.760 euros. Soit rien qu'en frais, la somme de 465.760 euros! Pour connaître le montant exact du prix effectif, mieux vaut auparavant consulter le catalogue ou être présent au début de la vacation quand le commissaire priseur (ou son "crieur", assistant qui passe dans les travées pour distribuer les bordereaux d'achat) annonce le montant des frais.

A ces inévitables frais, s'ajoutent parfois d'autres dépenses: certaines SVV facturent entre 1 et 1,5% le paiement en carte bancaire (quand d'autres ne sont pas encore équipées d'un terminal!) et parfois des frais additionnels quand ils ont à partager la vente avec un confrère. A payer également, si l'on ne retire pas sous 48 heures (parfois moins, parfois plus) les objets acquis: un droit d'entreposage, plus des assurances est à régler, d'autant que s'il s'agit d'un objet fragile ou volumineux, il a été transporté dans un entrepôt éloigné.

Autre point important à connaître, le prix de réserve: il s'agit du montant sous lequel le vendeur, en accord avec le commissaire priseur, ne veut pas vendre. Le commissaire priseur, qui ne divulgue pas ce montant, peut, et cela se pratique fréquemment, débuter les enchères sous le prix de réserve et porter enchère lui-même jusqu'à ce montant, faussant quelque peu le jeu. De plus, pour attirer l'acheteur, les estimations, faites conjointement avec l'expert, sont généralement assez basses, surtout pour les pièces courantes. Pour avoir une idée approximative du prix de réserve, il faut savoir que celui-ci ne peut pas être supérieur à la fourchette basse de l'estimation.

Quand un imprudent se laisse entraîner à porter une enchère qu'il ne peut honorer, il y a "folle enchère": l'objet est aussitôt remis en vente, mais s'il n'atteint pas le prix de l'adjudication précédente, il devra régler la différence.

Avant d'acheter, il faut donc bien établir son budget, ne pas se laisser emporter par l'ambiance et la joute verbale avec d'autres enchérisseurs, et ne pas oublier d'ajouter un quart environ du prix annoncé à la facture finale.

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