Deux ans tout juste après son arrivée au sein du premier constructeur européen, Wolfgang Bernhard, va quitter l'entreprise au 31 janvier. L'ancien manager de Mercedes dirigeait depuis mai 2005 la marque Volkswagen et son contrat courrait jusqu'en 2010. Mais dans le cadre de la réorganisation présentée aujourd'hui au conseil de surveillance par le nouveau président du directoire, Martin Winterkorn, les prérogatives de son poste avaient été largement écornées.

Martin Winterkorn, ancien patron d'Audi, entendait bien de surcroît reprendre directement en main les destinées de la marque phare. Il avait donc proposé à Wolfgang Bernhard en compensation la direction de la production à l'échelle du groupe. Un poste que Wolfgang Bernhard, ancien numéro deux de Chrysler qui devait prendre la tête de Mercedes en 2004 avant d'être évincé du jour au lendemain en avril 2004 par l'ancien patron de DaimlerChrysler Jürgen Schrempp qu'il avait critiqué, a toutefois refusé.

"Wolfgang Bernhard a accéléré le processus de restructuration de la société et amélioré la productivité de la marque", a précisé le groupe dans un communiqué. D'après la presse allemande, la marque aurait amélioré de 400 millions à 1,6 milliard d'euros son bénéfice imposable en 2006, ce qui avait entraîné certains cadres dirigeants à prendre position en faveur du manager.

Avec l'aval du conseil de surveillance, Martin Winterkorn va donc mettre en place sa nouvelle stratégie qui prévoit une réorganisation en deux pôles, les marques de masse (Volkswagen, Seat, Skoda) d'un côté et les marques premium (Audi, Lamborghini, Bentley et Bugatti) de l'autre. Son prédécesseur, Bernd Pischetsrieder, avait opté pour un choix différent puisqu'il avait regroupé les marques classiques d'un côté (Volkswagen, Skoda, Bentley, Bugatti) et les marques sportives (Audi, Seat, Lamborghini) de l'autre. Un positionnement plus clair doit suivre également de manière à limiter les risques de cannibalisation et mieux définir les images de chaque marque.

Volkswagen a annoncé également la nomination de Jochem Heizmann, l'actuel directeur de la production d'Audi, au même poste mais pour l'ensemble du groupe à compter du 1er février. Un directeur de la recherche et du développement à l'échelon du groupe va aussi être recruté, tout comme un directeur global de la distribution.

Ulrich Hackenberg, actuel chef du développement chez Audi, a été nommé par ailleurs directeur du développement de la marque Volkswagen, une fonction que détenait aussi Wolfgang Bernhard jusqu'à présent.

Reste à savoir en revanche quelle va être la prochaine destination de Wolfgang Bernhard après les deux ratés des dernières années. Certains experts n'excluent pas qu'il retourne dans le groupe DaimlerChrysler, même si jusqu'à présent son président, Dieter Zetsche, n'a pas dévoilé ses intentions. D'autres le voient repartir aux Etats-Unis où il bénéficierait toujours d'une bonne image de redresseur, même si l'amélioration de la situation chez Chrysler a fait suite depuis l'an dernier à de nouvelles déconvenues.


L'OPA de MAN sur Scania toujours en suspens
Le conseil de surveillance de Volkswagen a créé la surprise en annonçant qu'il repoussait l'offre actuelle de MAN sur Scania. Il a chargé le directoire du groupe de chercher une issue amicale au rapprochement entre les deux groupes de véhicules utilitaires. Une décision qui a pris de court le fabricant bavarois qui s'attendait à ce que le constructeur de Wolfsburg donne un avis favorable à son offre. Celle-ci, qui valorise Scania à quelque 10,2 milliards d'euros, court jusqu'au 31 janvier et reste toujours refusée par l'autre grand actionnaire de Scania, la holding Investor de la famille Wallenberg. Une mauvaise affaire pour le patron de MAN, le suédois Hakan Samuelsson, qui pourrait au final perdre sa place.