Nicolas Sarkozy s'invite à Bruxelles pour justifier le dérapage budgétaire français

Ce lundi soir, Nicolas Sarkozy va affronter les ministres des Finances de la zone euro, réunis à Bruxelles. La tâche est ardue: tenter de justifier le nouveau dérapage budgétaire de la France. Le Premier ministre a annoncé en effet que l'équilibre budgétaire, promis pour 2010, ne serait pas atteint avant 2012.

Du jamais vu. Ce lundi soir, à la table des ministres des Finances de l'Eurogroupe, Nicolas Sarkozy joue le rôle d'invité surprise. Et pour cause. Il va essayer d'expliquer à ses partenaires européens pourquoi la France a décidé de repousser à 2012 le retour à l'équilibre de son budget. Alors même que Paris s'était engagé avant les élections à atteindre cet objectif dès 2010.

En principe, seuls les ministres de l'Economie et des Finances des pays de la zone euro participent à l'Eurogroupe. Le lieu idéal pour discuter dans un cadre informel de leurs affaires communes. La venue de Nicolas Sarkozy au côté de sa ministre, Christine Lagarde, est pour le moins surprenante. Un geste politique sans précédent qui soulève des réactions: "l'habileté que pourront avoir Christine Lagarde et Nicolas Sarkozy ne change rien à la réalité des chiffres", a souligné Stéphane Le Foll, directeur de cabinet de François Hollande (PS).

Nicolas Sarkozy revient-il sur ses engagements ?

En avril dernier, Paris signait une déclaration commune de l'Eurogroupe dans laquelle la France s'engagait à atteindre l'équilibre d'ici à 2010. Les pays de la zone euro devraient aussi réduire de 0,5 point de PIB par an son déficit structurel pendant les périodes de croissance soutenue, comme c'est le cas aujourd'hui en France. Oui, mais voilà, Nicolas Sarkozy, fraîchement élu, voit les choses différemment. Lundi matin, en conseil des ministres, il s'en est pris à Dominique de Villepin, estimant que l'engagement pris en avril dernier, quelques jours avant le premier tour de l'élection, n'avait pas "beaucoup de sens".

Cette nouvelle entorse au pacte de stabilité place la France dans une situation contradictoire. Pendant la campagne présidentielle, la dette publique était au centre des débats. Deux mois seulement après son élection, Nicolas Sarkozy semble déjà s'affranchir de toute concertation en matière de politique économique. Ce changement de cap s'explique en partie par les réformes présentées mardi dernier devant l'Assemblée: le paquet fiscal est estimé à 11 milliards d'euros en 2008, puis entre 13 et 15 milliards d'euros par an, à partir de 2009.

Ce manque à gagner de recettes fiscales est annoncé alors que les déficits budgétaires et sociaux ont dérapé au premier trimestre. La dette publique a augmenté de plus de 33 milliards d'euros. Elle représente 65% du PIB, dépassant la barre des 60% autorisés par le pacte de stabilité.

Des partenaires européens sceptiques

La soirée à Bruxelles s'annonce mouvementée. "Nous attendons de voir ce que le président proposera en termes concrets" avant de juger, expliquait lundi un diplomate portugais. "On verra bien ce qu'il va dire exactement, quelles idées il proposera".

Une chose est sûre: la présidence portugaise ne va pas rendre la tache facile à Nicolas Sarkozy. En rappelant à plusieurs reprises l'importance du pacte et la force politique de la déclaration de Berlin, le ministre portugais des Finances, Fernando Teixeira dos Santos, a d'ailleurs averti dès le 30 juin que l'Europe ferait jouer "la pression des pairs" sur le France. "S'il y une petite brèche dans la digne , elle finit par rompre", a ajouté un diplomate évoquant le pacte de stabilité.

Reste à convaincre l'Allemagne . En redressant de façon spectaculaire ses comptes depuis 2006, elle risque de se montrer particulièrement ferme à l'égard de la France, l'incorrigible mauvais élève de la zone euro.

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