François Fillon reconnait avoir été "agacé" par les propos de Nicolas Sarkozy

Le Premier ministre affirme avoir été "agacé" par le terme de "collaborateur" utilisé à son encontre par Nicolas Sarkozy. Tenu en partie à l'écart de la réforme des régimes spéciaux de retraites qu'il avait pourtant annoncé, il estime que cette dernière n'est "pas une réforme qui en soi changera profondément l'organisation économique et sociale de notre pays".

Avis de grand froid entre l'Elysée et Matignon. Alors que depuis une dizaine de jours, les premiers tiraillements publics au sein du couple exécutif formé avec Nicolas Sarkozy ont éclaté publiquement, François Fillon se dit ce mercredi "agacé" par le terme de "collaborateur" utilisé à son encontre par Nicolas Sarkozy.

Dans un entretien à Paris Match, le Premier ministre rappelle sa loyauté au chef de l'Etat et réaffirme sa position de numéro un au sein du gouvernement. "Je suis totalement loyal à l'égard du président de la République. Cela fait trois ans que je me suis engagé à ses côtés (...) J'ai la conviction qu'il a le caractère et la méthode pour faire bouger les choses. Maintenant je ne suis pas un 'collaborateur' du président de la République mais son Premier ministre", explique-t-il, ajoutant toutefois: "Il arrive à chacun de commettre des imprécisions de vocabulaire (...) Ces incidents de parcours pour nous sont déjà lointains".

En fait, tout a commencé le 10 septembre dernier, lorsque François Fillon annonce sans préavis une réforme rapide des régimes spéciaux de retraite, une déclaration qui déclenche la fureur des syndicats. Une précipitation peu appréciée également par l'Elysée. Dès le lendemain, le Président de la République prend soin de recadrer son Premier ministre. "Un peu de méthode ne nuit pas à la solution d'un problème" tacle-t-il sans grande bienveillance.

Mardi, l'absence de François Fillon dans le discours social de Nicolas Sarkozy est également remarquée. Le Premier ministre n'est d'ailleurs même pas présent dans la salle. Si le Président de la République citent plusieurs ministres dans son discours, il ne s'est même pas donné la peine d'évoquer son Premier ministre, si ce n'est pour rappeler que François Fillon avait été le père d'une réforme inaboutie sur les retraites en 2003.

Dans la version écrite du discours prononcé devant les journalistes sociaux, Nicolas Sarkozy évoquait "la stratégie que j'ai choisie en matière sociale, et que je demande au Premier ministre François Fillon de mettre en oeuvre". La version prononcée est devenue "la stratégie que j'ai choisie en matière sociale, et que je mettrai en oeuvre".

De fait, c'est le ministre du Travail, Xavier Bertrand, cité trois fois, qui conduira la réforme emblématique des régimes spéciaux de retraite. Affaibli, François Fillon ne se démonte pourtant pas. Toujours dans son entretien à Paris Match, il affirme ainsi que la réforme des régimes spéciaux de retraite, certes "importante" et "symbolique", n'est "pas une réforme qui en soi changera profondément l'organisation économique et sociale de notre pays". Prenant soin par ailleurs d'ajouter que pour lui, la "réforme par excellence" serait celle qui "permettrait de rénover profondément le dialogue social".

Une stratégie risquée alors que des rumeurs de remaniement ont resurgi ces derniers temps. Le ministre de la Défense Hervé Morin a ainsi affirmé ce mercredi que le président Nicolas Sarkozy l'avait averti qu'un certain nombre de ministres "exploseront en vol", lors d'un "probable" remaniement ministériel en janvier. Mardi pourtant, le porte-parole de L'Elysée, David Martinon, démentait "tout projet de remaniement".

Mais Nicolas Sarkozy pourrait bien avoir l'envie de se séparer de certains ministres dont il est mécontent. Selon Le Point de début septembre, il aurait confié à plusieurs ministres: "J'ai envie de remanier en janvier. J'ai quatre ministres dans le collimateur". François Fillon est-il visé? En tous cas, le Premier ministre veut aller jusqu'au bout de son affrontement.

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