Amateurs de sushi et autres sashimi, vous ignorez sans doute qu'en vous régalant de ces spécialités japonaises de poissons crus, vous encouragez la disparition d'une espèce de poissons océaniques de la famille des Scombridae: le thon. Réunis à Kobe, grand port à l'Ouest du Japon, les cinq organismes internationaux chargés de réguler la pêche au thon ont annoncé aujourd'hui l'adoption d'un plan mondial destiné à la sauvegarde de l'espèce. Une première!

Ce plan a été adopté lors d'une conférence internationale de cinq jours. Il doit permettre de coordonner les politiques de ces cinq organismes en matière de contrôle du commerce mondial du thon. Jusqu'à présent, en effet, chacun de ces cinq organismes établissait ses propres quotas, et disposait de son propre système de surveillance des stocks de poissons. A l'avenir, les cinq organismes s'engagent à partager leurs informations, mettre en commun les listes noires des bateaux accusés de pratiquer la pêche illégale, et mieux contrôler le commerce du thon via un système d'étiquetage.

Les cinq organismes se réunissaient pour la première fois. Couvrant chacun une zone géographique (Atlantique, Pacifique, océan Indien, thon tropical et thon rouge du sud), ils représentent plus de soixante pays. Mais quelle sera la portée de ce plan, au vu des enjeux commerciaux de la pêche au thon?

Jusque dans les années 50, la pêche au thon n'était qu'une pêche d'appoint. Elle est devenue au fil des ans une activité d'une grande valeur commerciale, réalisée par de vraies flottes industrielles, et dominée par les industries de la congélation et de la conserverie. La population de thon rouge est la plus menacée. Son niveau actuel de pêche est évalué à 50.000 tonnes par an, en Atlantique et Méditerranée, pour un quota de 29.500 tonnes, et un nombre de prises permettant son renouvellement de 15.000.