Affaire EADS : Arnaud Lagardère entendu par les députés

Arnaud Lagardère, président du groupe Lagardère, est entendu ce jeudi devant la commission des Finances de l'Assemblée à propos des conditions de la vente d'une partie de ses actions EADS, sur laquelle pèsent des soupçons de délit d'initiés. Les réprésentants de l'Etat qui plaident l'ignorance dans ce dossier très délicat vont suivre très attentivement ses déclarations.

Après Thierry Breton, ex ministre de l'Economie, et des responsables de la Caisses des Dépôts et de Consignations (CDC), c'est au tour d'Arnaud Lagardère, président du groupe Lagardère, d'être entendu ce jeudi devant la commission des Finances de l'Assemblée à propos des conditions de la vente d'une partie de ses actions EADS, sur laquelle pèsent des soupçons de délit d'initiés. Il s'agit de la deuxième épreuve de la semaine pour Arnaud Lagardère sur ce sujet, la première s'étant déroulée lundi lors de l'assemblée générales extraordinaire. A cette occasion, il a été vivement mis en cause par les petits actionnaires.

Députés et sénateurs multiplient les auditions depuis le 5 octobre pour vérifier les informations dont disposaient l'Etat, actionnaire d'EADS à hauteur de 15%, lorsque son partenaire, Lagardère, a vendu 7,5% du capital au prix fort. Ils veulent savoir également quel a été son rôle dans le rachat d'une partie (2,25%) de ces actions par la CDC.

Les députés ne devraient pas en revanche interroger directement Arnaud Lagardère sur les soupçons de délit d'initiés, ceux-ci faisant l'objet d'une information judiciaire et d'une enquête de l'Autorité des marchés financiers (AMF). Lagardère et l'autre grand actionnaire privé, l'Allemand Daimler, sont soupçonnés d'avoir connu les retards d'industrialisation de l'A380 d'Airbus, filiale d'EADS, avant leur révélation officielle au public le 13 juin.
Ils ont tiré de la vente de leurs actions environ 2 milliards d'euros, alors que le titre a ensuite glissé de 40% en deux mois, dont 26% en une seule journée, le 14 juin.

L'audition parlementaire d'Arnaud Lagadère sera suivie de très près par les représentants de l'Etat, qui plaident l'ignorance sur ce dossier. Après l'ancien ministre de l'Economie Thierry Breton qui avait "appris par la presse" le rachat d'actions par la CDC, puis une enquête interne concluant que les services de Bercy avaient été "irréprochables", l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a d'abord déclaré qu'il "n'avait pas été saisi du dossier". Or, Arnaud Lagardère a répondu le 14 octobre dans le Journal du Dimanche (qui appartient au groupe Lagardère) que Matignon avait été informé à l'avance de son intention de vendre des titres EADS et de la possibilité qu'une partie soit rachetée par la CDC.

Dominique de Villepin a alors reconnu qu'une "note mémorandum" avait été envoyée par Lagardère "à Bercy, au début de l'année 2006, comme aux services de Matignon". "Cette note évoquait l'intérêt d'un groupe d'investisseurs (...), dont la Caisse des dépôts", a-t-il dit, mais "il n'y avait là rien de particulier qui puisse alerter les services de l'Etat". "Il n'y a pas eu une note, il y en a eu deux : une en février, une en mars. Il y a eu trois réunions à son cabinet; il y a eu trois autres réunions à Bercy, donc l'Etat était parfaitement informé", a rétorqué samedi Pierre Leroy, cogérant et secrétaire général de Lagardère.

L'ancien ministre des Finances, Dominique Strauss-Kahn, sera entendu vendredi à l'Assemblée nationale sur l'élaboration du pacte d'actionnaires d'EADS en 1999, et Dominique de Villepin le 30 octobre par la commission des Finances du Sénat.

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