Gilles de Robien rallie Nicolas Sarkozy

A trois semaines du premier tour, le ministre de l'éducation nationale se prononce en faveur du candidat de l'UMP. Dans une interview au Journal du Dimanche, Gilles de Robien, seul ministre UDF du gouvernement, fait état de divergences de fond avec François Bayrou qu'il accuse de maintenir le "flou" et "l'ambiguïté" sur les futures alliances.

Gilles de Robien, le seul ministre centriste du gouvernement, a déclaré son ralliement à Nicolas Sarkozy dans une interview paru dans le Journal du Dimanche (JDD). "J'appartiens au centre droit. C'est à ce titre que je rejoins Nicolas Sarkozy comme, avant moi, Simone Veil (...)", précise le ministre de l'Education nationale.

"C'est à ce titre que je construirai avec lui une majorité plurielle s'il est élu. Une majorité élargie. Une majorité de gouvernement", ajoute-t-il, assurant qu'il est n'est pas "un diviseur mais un homme d'union". Il estime que "d'autres" vont le rejoindre au soir du premier tour dans son ralliement à Nicolas Sarkozy qu'il décrit "humain, chaleureux, drôle. Très éloigné de la caricature dans laquelle on voudrait l'enfermer".

Gilles de Robien assure que son "choix ne fut pas simple". "J'ai toujours été UDF, je le suis encore", dit-il, faisant remarquer qu'il a été en 2002, le directeur de campagne de François Bayrou dont il a été "longtemps un proche".
"Je suis de nature fidèle mais les choses sont allés trop loin. Nous avons des divergences de fond", fait-il valoir. Et de dénoncer "le flou" qu'entretient le candidat UDF à la présidentielle sur notamment les personnalités politiques avec lesquelles il compte gouverner, en cas de victoire. "Je ne sais pas soutenir le flou. Je ne sais pas adhérer au flou", dit-il, ajoutant : "la confiance ça ne se marchande pas".

Apprenant à son arrivée à Fort-de-France en Martinique le ralliement de Gilles de Robien à Nicolas Sarkozy, François Bayrou a eu ce commentaire: "je trouve que c'est très bien, parce que tout mon effort, c'est de proposer à la France de gouverner autrement. Et pour gouverner différemment, il faut des équipes nouvelles", a indiqué le candidat UDF à la présidentielle. "Je ne voulais pas de compromission avec des gens dont je n'ai pas approuvé l'action (...) On ne peut pas faire du neuf avec du vieux", ajoute le député béarnais. J'ai choisi d'avoir une attitude franche et nette, et je trouve que ça clarifie très bien les choses."

Les désaccords entre les deux hommes sur la stratégie de l'UDF remontent à 2002. Gilles de Robien a toujours plaidé pour une alliance avec l'UMP tandis que François Bayrou a opté pour l"indépendance. Le fossé s'était encore creusé un peu plus lorsque François Bayrou et une dizaine de députés du groupe UDF avaient voté la censure du gouvernement Villepin en mai 2006 en rapport avec l'affaire Clearstream.

Pourtant, ces temps derniers, le ministre avait semblé se rapprocher du candidat. Il s'était ainsi publiquement félicité de la montée dans les sondages de François Bayrou et avait opéré une distinction entre "le François Bayrou d'hier qui passait son temps à critiquer" et celui "d'aujourd'hui qui fait des propositions présidentielles".
Avant Gilles de Robien, plusieurs parlementaires UDF dont André Santini et Christian Blanc (apparenté) s'étaient rangés derrière le candidat de l'UMP. Nicolas Sarkozy a également attiré à lui l'ancienne ministre centriste Simone Veil, l'une des personnalités préférées des Français.

A l'approche du premier tour et au moment où les sondages révèlent un tassement des intentions de vote en sa faveur, peu de personnalités de droite ont fait le choix Bayrou. Il a obtenu le soutien de deux ministres Azouz Begag (Promotion de l'égalité des chances) et François Goulard (UMP, Recherche), de la présidente du mouvement Ecologiste Cap 21 Corinne Lepage, qui a renoncé à être candidate pour se ranger derrière lui.
L'ex-UMP Nicolas Dupont-Aignan, exclu de la présidentielle pour manque de parrainages, avait un temps envisagé de soutenir le président de l'UDF, sensible à son engagement de convoquer un référendum sur un nouveau traité institutionnel européen, contrairement à Nicolas Sarkozy. Mais, face à ses partisans anti-européens convaincus, il n'a pas franchi le pas et annoncé samedi qu'il ne donnerait pas de consigne de vote au premier tour.

A gauche, l'ouverture prônée par François Bayrou, qui s'est dit prêt à nommer un Premier ministre socialiste, allant jusqu'à envisager Dominique Strauss-Kahn, rencontre peu d'échos. Certes de hauts fonctionnaires de Bercy et d'anciens collaborateurs de gouvernements socialistes, réunis dans deux groupes baptisés Spartacus et Gracques, appellent à construire une social-démocratie avec François Bayrou et Ségolène Royal. Mais seul Jean Peyrelevade, ancien membre du cabinet de Pierre Mauroy à Matignon, a ouvertement rejoint l'équipe Bayrou.

Le président de l'UDF assure ne pas s'en préoccuper ou se sentir isolé, s'affirmant convaincu que "rien ne bougera" avant le soir du premier tour. Et de prédire: "Si je suis qualifié, tout bougera. Au PS mais aussi à l'UMP".

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