Les patrons européens opposés à des taux d'intérêt supérieurs à 4%

Ernest-Antoine Seillière, président de Business Europe, met en garde contre une hausse des taux de la BCE au-delà de 4%. Jean-Claude Trichet défend l'indépendance et la politique de la banque centrale.

Les chefs d'entreprises européens craignent un relèvement du taux directeur de la BCE au delà de 4%, a déclaré le français Ernest-Antoine Seillière, président de l'organisation patronale paneuropéenne Business Europe (ex-Unice) et ancien président du Medef, au Financial Times Deutschland paru ce jeudi. "Si le taux devait dépasser les 4%, nous serions dans un autre monde. Notre compréhension atteindrait ses limites," a prévenu le patron des patrons européens.

Selon lui, l'économie européenne a jusqu'à présent pu supporter les relèvements successifs du taux directeur, qui est actuellement à 3,75%. Mais si le loyer de l'argent devenait trop cher, "la situation pourrait devenir dangereuse en particulier pour les taux de change". "Les actuelles négociations salariales ne justifient pas selon nous la crainte d'une inflation trop haute", précise-t-il, s'opposant en cela au discours prôné par la Banque centrale européenne (BCE).

Comme en réponse, Jean-Claude Trichet, président de la BCE, a estimé dans un entretien publié ce jeudi par Les Echos et LCI que "ceux qui pensent que la Banque centrale européenne joue contre la création d'emplois ne sont pas confirmés dans leur croyance par les chiffres". Selon lui, "plus de 12 millions d'emplois" ont été créés dans la zone euro depuis le lancement de la monnaie unique en janvier 1999 alors que "moins de trois millions d'emplois avaient été créés dans les huit ans qui avaient précédé".

Alors que la BCE est critiquée par deux des principaux candidats à l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, son président ne souhaite pas "commenter" les débats de la campagne présidentielle mais assure que "nos concitoyens européens demandent la stabilité des prix". Aux candidats qui veulent une plus grande influence des responsables politiques sur la BCE en prenant comme exemple les Etats-Unis, il répond que "la thèse selon laquelle la Réserve fédérale américaine est sous dépendance de l'exécutif est fausse".

"Mon collègue Ben Bernanke dit comme moi que la stabilité des prix est une condition nécessaire de la croissance et de la création d'emplois durables", ajoute-t-il. Il explique que "l'on ne redécouvre pas la lune aujourd'hui en observant que les changes sont flottants dans le monde" et rappelle que les statuts de la BCE ont été institués par treize pays "qui ont tous signé un traité".

Les augmentations de taux répétées de la BCE sont souvent critiquées, car elles auraient tendance à faire grimper le cours de l'euro et donc à handicaper les exportations européennes. L'institut monétaire européen devrait annoncer en mai ou plutôt en juin une nouvelle hausse de son taux directeur à 4%, anticipent les analystes.

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