Areva ne voit pas son avenir avec Alstom

Après son succès en Chine, le groupe nucléaire français suscite plus que jamais les convoitises quant à une ouverture de son capital. Sa présidente, Anne Lauvergeon, estime toutefois qu'une fusion avec Alstom, envisagée par certains, créerait des "synergies négatives assez importantes". De même, la patronne du groupe nucléaire a décliné la proposition de Total d'augmenter sa participation de 1% dans Areva.

Fort de son contrat historique (avec EDF pour deux réacteurs nucléaires de nouvelle génération EPR pour huit milliards d'euros) et de ses perspectives ( un centre de traitement et de retraitement de la matière nucléaire pour 10 à 15 milliards d'euros) en Chine, le groupe nucléaire français Areva entend se développer seul, sans partenaire à son capital, qui suscite pourtant des convoitises. Ainsi, face au projet souvent mis sur la table, de mariage avec Alstom, détenu à 30% par Bouygues, la présidente du groupe nucléaire, Anne Lauvergeon, a estimé ce lundi qu'il entraînerait peu de synergies positives mais déboucherait au contraire sur des synergies négatives "assez importantes".

"Je n'ai rien contre les fusions mais (elles) doivent apporter des synergies positives et non pas entraîner avec elles des synergies trop négatives. Les synergies positives sont assez limitées - il s'agit de synergies d'achat, mais c'est assez classique -, par contre les synergies négatives me semblent assez importantes", a-t-elle déclaré lors d'une entretien à France 24 dont la diffusion était programmée lundi soir.

De son côté, le PDG d'Alstom, Patrick Kron, avait souligné début novembre que son intérêt pour un rapprochement avec Areva n'avait pas disparu. L'Elysée a annoncé il y a quelques semaines lancer une réflexion sur l'avenir de la filière nucléaire en France, avec, comme conseils, la banque britannique HSBC et le cabinet de conseil américain McKinsey. Certains, compte tenu des liens amicaux entre Nicolas Sarkozy et Martin Bouygues y ont vu le moyen d'imposer une opération Areva-Alstom sous l'égide de Bouygues (qui avait un temps manifesté son appétit pour le groupe nucléaire public).

Autre prétendant à une participation dans le capital du groupe nucléaire : Total. Le géant pétrolier, qui détient environ 1% du capital du groupe nucléaire français, n'a pas exclu d'augmenter sa participation dans le groupe Areva, en cas d'évolution du capital, a déclaré dimanche son patron Christophe de Margerie, ajoutant : "Ce qui nous intéresse surtout est de faire des investissements comme opérateur plutôt que faire des investissements financiers minoritaires".

Une proposition qu'a décliné Anne Lauvergeon. La présidente du directoire d'Areva a estimé ce lundi matin sur Europe 1 que Areva est "un sujet trop stratégique pour (...) nécessairement devenir un objet de quelqu'appétit que ce soit. Il sera beaucoup plus intéressant de développer Areva sur ses bases et ses forces propres", écartant l'idée de l'arrivée à son capital d'une autre entreprise.

Anne Lauvergeon n'est pas pour autant hostile à une évolution du capital d'Areva. Evoquant une éventuelle ouverture du capital, la présidente a déclaré : "C'est une solution qui nous semblerait très bonne", sans pour autant se prononcer sur le niveau jusqu'où l'Etat pourrait se désengager de la société.

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