Michel Piccoli, vieillard déchirant

Dans "Les toits de Paris", de Hiner Saleem, Michel Piccoli porte avec élégance le rôle d'un vieillard pauvre et malade qui vit seul dans une chambre de bonne, pendant la canicule de 2003. Déchirant.

Après quelques films remarqués sur les tribulations du peuple kurde dont il est issu (entre autres le désopilant "Vodka Lemon"), le cinéaste exilé à Paris Hiner Saleem déplace sa caméra d'Est vers l'Ouest. Dans son cinquième film, "Les toits de Paris", il observe la misère humaine et matérielle du monde occidental sous la forme la pire qui soit, à savoir celle qui frappe les êtres les plus démunis, en l'occurrence les vieillards. Le cinéaste a choisi un angle extrême: la canicule de l'été 2003 qui a - on s'en souvient avec honte - fait des ravages parmi les personnes âgées vivant seules sous les toits. Et il s'est inspiré de faits réels qu'il a pu à l'époque observer dans son voisinage.

Michel Piccoli incarne de manière bouleversante Marcel, vieux monsieur qui habite dans une chambre de bonne (sans ascenseur) au dernier étage d'un immeuble d'un quartier populaire de Paris. La performance du comédien est d'autant plus remarquable qu'à 82 ans il atteint l'âge d'être concerné, sinon par la misère matérielle, du moins par la souffrance morale et les maladies afférentes au troisième, voire au quatrième âge.

Monsieur Marcel est un vieillard très digne et soigné de sa personne qui souffre d'un mal à la jambe qui va en s'amplifiant. Il a bien un fils pour lequel il déborde d'affection mais celui-ci se fait tirer l'oreille pour lui accorder quelques minutes de loin en loin. Son seul ami, Amar (Maurice Benichou, non moins bouleversant), est son voisin de pallier. Ensemble, ils vont à la piscine pour se rafraichir, couple de vieillards attendrissants qui font économie de paroles et se comprennent sans mot dire.

Mais un beau jour, Amar déclare forfait, quitte Paris et rentre au pays. Il ne reste plus à Monsieur Marcel, dont la santé se dégrade de jour en jour, que deux bonnes fées qui lui apparaissant de temps à autres pour éclairer sa vie et lui rendre de menus services: Thérèse (Mylène Demongeot), femme mûre, serveuse au grand coeur au bistrot du coin, et la jeune et jolie Julie, inconsolable depuis la mort par overdose de son petit ami junkie.

La raison voudrait que Monsieur Marcel quitte cette chambre si difficile d'accès mais il ne veut pas entendre raison et préfère se traîner de plus en plus péniblement dans ces lieux inconfortables mais familiers.

"La vieillesse est un naufrage", disait le général De Gaulle. Jamais comme dans ce film on n'a pu vérifier la justesse de cette parole.

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