La BCE maintient le statu quo sur ses taux

Le principal taux directeur de la BCE reste à 4%. Jean-Claude Trichet rappelle qu'une "incertitude accrue" pèse sur l'économie de la zone euro qui, pour l'heure, reste bien orientée, mais aussi que la BCE "suivra très attentivement" les risques inflationnistes.

La Banque centrale européenne (BCE) a décidé ce jeudi de laisser son principal taux directeur inchangé à 4%, une décision qui était unanimement attendue par les économistes, alors que les craintes d'un ralentissement de l'économie en zone euro grandissent. Peu de temps auparavant, la Banque d'Angleterre avait, elle aussi, laissé ses taux inchangés, à 5,75%.

"Les fondamentaux de l'économie de la zone euro vont dans le sens d'une perspective favorable à moyen terme pour l'activité économique: en particulier les bénéfices des entreprises et la profitabilité ont été soutenus, la croissance de l'emploi a été robuste et le chômage a baissé (...) Cependant, étant donné la volatilité des marchés financiers et la réévaluation des risques observée ces dernières semaines, cette appréciation est entourée d'une incertitude accrue", a commenté le président de la BCE, Jean-Claude Trichet.

La BCE était en fait confrontée à un cercle vicieux: les turbulences des marchés financiers et la vigueur de l'euro grèvent la croissance économique de la zone euro mais, dans le même temps, le pétrole et les produits alimentaires nourrissent l'inflation.

Avant que la crise du crédit immobilier à risque ("subprime") apparue aux Etats-Unis n'ait un effet de ricochet un peu partout dans le monde, on pensait que la BCE porterait son taux "refi" à 4,25% en septembre et à 4,5% avant la fin de l'année. Ce qu'elle a, sagement, renoncé à faire.

Après la réunion monétaire du 6 septembre, Jürgen Stark et Axel Weber, tous les deux de la BCE, ont fait remarquer que surseoir à une hausse des taux n'équivalait pas à y renoncer définitivement. Mais depuis, l'euro s'est apprécié de plus de 3% face au dollar, et de plus de 2% sur une base pondérée. Cette hausse du taux de change effectif de la monnaie unique, font remarquer les experts, équivaut, par ses conséquences sur la croissance et l'inflation, à un relèvement des taux de 30 points de base.

La BCE devait aussi prendre en considération des indicateurs qui paraissent montrer que les troubles ne se limiteront pas au seul secteur bancaire. L'indice des directeurs d'achats de la zone euro a montré que la croissance du secteur privé avait chuté à un plus bas de deux ans en septembre, tandis que la confiance des entreprises est à son niveau le plus bas depuis plus d'un an et demi en Allemagne. La forte décélération dans le secteur des services en Europe, connue mercredi, est venue corroborer la tendance.

Un ralentissement de la croissance peut contribuer à apaiser les tensions inflationnistes. En outre, la fermeté de l'euro freine l'impact inflationniste des prix pétroliers et énergétiques libellés en dollars. Mais la hausse des prix alimentaires, en particulier les céréales et les produits laitiers, semble avoir un effet disproportionné sur la manière dont le consommateur perçoit l'inflation et ses anticipations en la matière n'ont jamais été aussi élevées depuis près d'un an.

"L'information disponible depuis notre précédente réunion a confirmé que la perspective pour la stabilité des prix à moyen terme est sujette à des risques à la hausse, a d'ailleurs souligné Jean-Claude Trichet. Contre cet arrière-plan, et du fait de la croissance vigoureuse de la masse monétaire et du crédit dans la zone euro, notre politique monétaire est prête à parer aux risques haussiers (pesant sur) la stabilité des prix comme le requiert notre objectif principal." "Nous nous attendons à ce que le taux d'inflation reste au-dessus de 2% à la fin 2007 et au début 2008, avant de se modérer à nouveau", a précisé le président de la BCE. "Notre politique monétaire est prête à contrer les risques à la hausse (pesant sur) la stabilité des prix. (...) Le Conseil des gouverneurs suivra très attentivement tous les développements" en la matière.

Pour la première fois en un an, l'inflation a en effet dépassé en septembre le niveau maximal de 2% fixé par la BCE et on s'attend à ce qu'elle augmente encore d'ici la fin de l'année. Dans ces conditions, une baisse des taux est moins que jamais d'actualité et la BCE pourrait étendre le statu quo jusqu'à ce que l'horizon économique soit un peu plus dégagé.

La dernière mesure de détente monétaire de la BCE remonte à juin 2003, lorsque la zone euro affichait moins de 1% de croissance. Les prévisions publiques et privées donnent plus de 2% de croissance pour 2008. "Pour la BCE, il y a loin entre repousser, voire annuler, une hausse des taux et déclencher une baisse des taux", notait Erik Nielsen, économiste de Goldman Sachs, dans une récente note. "La probabilité de voir la BCE abaisser les taux dans les six mois qui viennent est faible".

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