Imperial Tobacco propose 11,5 milliards d'euros pour le cigarettier Altadis

Le franco-espagnol Altadis a annoncé que le britannique Imperial Tobacco l'a approché en vue d'une éventuelle offre de 11,5 milliards d'euros. Les rumeurs de rachat couraient au sujet d'Altadis depuis le début de la matinée et les cotations du titre du groupe ont été suspendues aux Bourses de Madrid et Paris. Elles ont repris vers 12h30, en hausse de 19,47% à 46,50 euros à Paris.

Fin du suspense en ce qui concerne Altadis. Le cigarettier vient d'annoncer ce jeudi qu'il avait reçu une offre de rachat du groupe britannique Imperial Tobacco pour 11,5 milliards d'euros, soit 45 euros par action, qui représente 16% de plus que la valeur de clôture du titre d'Altadis hier.

"Imperial a approché Altadis de manière non sollicitée et non négociée pour une possible union des deux groupes qui pourrait donner lieu, ou non, à la formulation d'une OPA en cash sur 100% d'Altadis", a déclaré le groupe dans un communiqué.

Imperial Tobacco a confirmé que l'offre existait mais a prévenu que "les discussions en sont à un stade très précoce et il n'y a aucune certitude que cette approche débouchera sur une offre" formelle. Du côté du franco-espagnol, on apprend que le conseil d'administration "sera convoqué dans les prochains jours" pour se prononcer sur le sujet.

A la reprise des cotations d'Altadis, vers 12h30, à Madrid et à Paris, le titre a bondi de 20% pour ensuite se "stabiliser" autour de 16,85% à 45,36 euros, soit plus que le prix évoqué par Imperial Tobacco. Ce dernier prenait 8,70% à la même heure à la Bourse de Londres, malgré la perspective d'une forte somme à débourser, signe de l'approbation du marché.

Depuis plusieurs mois maintenant, les rumeurs de rachat vont bon train, alors que "l'ensemble du secteur du tabac est dans une période de consolidation", selon Kevin Lyne-Smith, de la banque Julius Baer. Le secteur est en effet de plus en plus menacé par les restrictions sanitaires des différents pays et a besoin d'économies d'échelle toujours plus importantes.

Altadis, une entreprise "très digérable"

La décision prise par Imperial Tobacco risque de générer des réactions en chaîne sur le marché du tabac. Cette offre constitue "le coup d'envoi pour de potentielles contre-offres", analyse Alberto Espelosin, stratégiste pour Ibercaja Gestion.

D'autres groupes ont Altadis à l'oeil, à commencer par le britannique British American Tobacco (BAT) qui pourrait sortir du bois. Le géant américain Altria, lui, aurait des vues sur Imperial Tobacco. "Il va falloir qu'ils se lancent avant qu'il y ait un accord avec Altadis", a commenté Eric Bloomquist de la banque JP Morgan à ce sujet.

Altadis est considéré comme "très digérable" par tout acheteur potentiel par Philip Keevil de Compass Advisers. Cet achat n'en est pas moins le plus important effectué par Imperial Tobacco depuis 2002. Il intervient dans le cadre d'un plan de rachat de ses concurrents par le cigarettier britannique avec pour objectif que l'expansion du groupe engendre une réduction de ses coûts.

Plus tôt dans la matinée, des traders londoniens ont évoqué la possibilité qu'Altadis prépare la vente de 60% du capital de sa filiale logistique Logista. Une fausse rumeur qui a néanmoins entraîné la suspension du cours de cette dernière à Madrid.

En revanche, le secteur aérien pourrait jeter un oeil intéressé sur cette affaire: Logista possède une participation de 6,70% dans le capital de la compagnie aérienne espagnole Iberia, qui sera peut être à vendre en cas de rachat d'Altadis.

Altadis et Imperial Tobacco: deux entreprises complémentaires
"Nous sommes le quatrième fabricant de tabac dans le monde, Altadis le cinquième, les deux groupes s'allieraient très bien stratégiquement, cela renforcerait notre portefeuille de marques et de produits, nos opportunité de croissance et accroîtrait notre diversité géographique", a déclaré un porte-parole d'Imperial Tobacco après l'annonce de l'offre de rachat de sa société sur Altadis.
Imperial Tobacco (JPS, Peter Stuyvesant et cigarettes Davidoff) est principalement implanté au Royaume-Uni, en Allemagne et en Irlande. A l'inverse, Altadis (Gauloises ou Fortuna) vend en France, en Allemagne et en Espagne. De plus, Altadis produit des cigares, dont la marque Montecristo, un secteur dont Imperial Tobacco est absent.
Une complémentarité qui devrait satisfaire les autorités européennes de la concurrence mais aussi les investisseurs. Les premières analyses estiment en effet qu'Imperial pourrait réaliser des synergies d'au moins 270 millions d'euros par an en combinant ses activités avec celles d'Altadis.

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