Environnement : l'industrie automobile s'élève contre l'offensive de Bruxelles

La décision de la Commission européenne d'abaisser le volume moyen de pollution des voitures de 160 g de CO2 par kilomètre à 120 gCO2/km, a immédiatement suscité de vives protestations des constructeurs automobiles. Une polémique qui illustre parfaitement la difficulté de faire rimer respect de l'environnement et économie.

L'industrie automobile européenne a fustigé aujourd'hui mercredi 7 février, "les objectifs arbitraires" de réduction des émissions de CO2 des voitures annoncés le même jour par la Commission européenne.

Au nom de la lutte contre le réchauffement climatique dont la réalité a été réaffirmée ces derniers jours lors de la conférence internationale sur le climat qui s'est tenue à Paris les 2 et 3 février, les autorités européennes ont en effet décidé que les voitures neuves ne devront plus émettre en moyenne que 120 grammes de dioxyde de carbone (CO2) par kilomètre à partir de 2012, contre environ 160 g actuellement.

Une décision contre laquelle l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), basée à Bruxelles, a vivement protesté, expliquant que son application les conduira à des pertes d'emploi et des délocalisations. "Faire porter le fardeau essentiellement sur l'industrie automobile est la méthode la plus chère et la moins efficace du point de vue des coûts", poursuit l'ACEA qui conjugue critique et menace: "cela conduira à une perte d'emplois et à une délocalisation de la production en dehors de l'Union européenne".

Il est à noter que le tout nouveau patron de PSA Peugeot Citroën,Christian Streiff, qui a pris ses fonctions mardi, s'est démarqué de cette position en apportant au contraire son soutien à la stratégie de l'Union européenne. "Cette ambition européenne, globalement nous la soutenons", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, tout en précisant qu'il sera "très difficile" de la mettre en oeuvre.

La réaction des constructeurs auto européens illustre une nouvelle fois la difficulté qu'il y a à mener une politique en faveur de l'écologie sans se heurter aux intérêts économiques. Tant que les autorités en restent au principe de l'incitatif, personne n'y trouve rien à redire. Rouler plus écolo, économiser l'eau en privilégiant les douches aux bains, trier ses ordures, privilégier les transports en commun... autant de slogans adressés à chacun en espérant qu'ils seront entendus et que le nombre fera le résultat.

"Il n'y a pas de petits gestes si nous sommes 60 millions à les pratiquer", martèlent les spots audiovisuels de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. A la clé, ni sanctions, ni récompenses d'ailleurs pour ceux qui les appliquent. Un simple appel à la conscience de chacun.

Cette politique a sans doute son efficacité mais aussi ses limites. Car dès lors qu'il faut obtenir des résultats rapides et probants, la pédagogie et l'incitation montrent leurs limites et il faut alors passer à une politique aux accents plus coercitifs. C'est ce à quoi ont abouti les réflexions de la Commission européenne qui vient de décider d'imposer aux constructeurs auto qu'ils fabriquent dès 2012 des moteurs moins polluants. Et ceci alors que le secteur des transports compte parmi les plus grands pollueurs de la planète et en dépit semble-t-il des menaces des fabricants.

En France, une bonne dizaine de candidats à l'élection présidentielle ont signé le pacte écologique de Nicolas Hulot. Ce pacte comporte un certain nombre de mesures qui tournent délibérément le dos à la pédagogie et optent pour une politique bien plus ferme, c'est-à-dire bien moins populaire que ce qui fut globalement mené jusqu'à présent par les gouvernements. Celui ou celle qui sera choisi(e) par le suffrage universel aura-t-il (elle) le courage de mettre une telle politique en oeuvre?

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