"La Walkyrie" en huis-clos au Festival d'Aix

Le festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence s'est ouvert avec "La Walkyrie", opéra de Richard Wagner par le Philharmonique de Berlin donné dans le nouveau Grand-théâtre de Provence. La mise en scène minimaliste de Stéphane Braunschweig en fait un drame familial.

C'était l'épreuve du feu vendredi 29 pour le tout nouveau Grand-théâtre de Provence où était donné le deuxième volet de la Tétralogie de Richard Wagner, "La Walkyrie" (1). Une grande interrogation pesait sur les qualités acoustiques du bâtiment flambant neuf, lors de l'inauguration en présence de la ministre de la Culture Christine Albanel. D'aspect méditerranéen, la construction en forme de cylindre refermé sur lui-même, tapissée de pierre ocres, offre peu d'échappées sur la ville, sinon sur les terrasses supérieures avec des vues sur la Montagne Sainte Victoire. A l'intérieure la salle construite en hémicycle, un peu à la manière des théâtres antiques est tapissée de rouge, les 1350 fauteuils répartis en gradins sur un parquet de bois et des loges gris souris.
A charge pour le Philharmonique de Berlin de faire la démonstration des qualités acoustiques de cette salle, sous la baguette énergique de son chef Simon Ratlle. Démonstration presque trop probante tant les flots de la musique de Wagner, particulièrement les cuivres, se déchaînent et emplissent l'espace, sans déperdition aucune, mais parfois au détriment des voix qui, venues de la scène, peinent à franchir cette compacte muraille sonore.
Contrastant avec la luxuriance de la musique, la mise en scène semble bien pauvre avec un son parti-pris inverse de minimalisme. Stéphane Braunschweig a repris le même dispositif scénique que pour le 1er volet de la tétralogie, "L'or du Rhin" donné l'été 2006 dans la cour de l'Archevêché d'Aix où le plateau de scène était une boîte de murs blancs sur lesquels étaient projetées des vidéos très évocatrices. Sauf que pour "La Walkyrie", le metteur en scène distille ses vidéos au compte-goutte estimant qu'il s'agit là d'un huis-clos entre un père, Wotan, le roi des dieux en bout de course, et sa fille la guerrière Brünnhilde. Si bien que leur duo d'amour-haine qui met moins l'accent sur ses soubassements incestueux que sur la relation de domination de l'homme sur la femme tourne à l'enfermement maniaco-dépressif.
Pas de révélation majeure du côté de la distribution vocale, nettement en dessous de l'excellence musicale développée par l'orchestre. Si elle ne démérite pas vraiment en Brünnhilde, la danoise Eva Johansson paraît bien jeune pour ce rôle d'une difficulté prodigieuse, handicapée de surcroît par un léger vibrato. A l'inverse le baryton-basse Willard White campe un Wotan fatigué. Seule la soprano Eva-Maria Westbroek s'impose dans le rôle hélas secondaire de Sieglinde.
Noël Tinazzi à Aix

(1) Prochaines représentations : les 2, 5, 8 juillet. Retransmission en différé sur Arte, le 5 juillet à 20h40
Réservations : tél. 04 42 17 34 34, [email protected].

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