De la prison ferme requise contre Pierre Pasqua

Le parquet a requis une peine de prison ferme pour le fils de l'ancien ministre de l'Intérieur, et d'autres proches, poursuivis pour avoir bénéficié de commissions frauduleuses sur des marchés d'armement entre 1993 et 1995. En revanche, la relaxe a été demandée pour l'ancien préfet du Var, Jean-Charles Marchiani.

Une peine de trois ans de prison dont deux fermes et 300.000 euros d'amende a été requise ce lundi à Paris contre Pierre-Philippe Pasqua, fils unique de l'ancien ministre de l'Intérieur Charles Pasqua, poursuivi pour avoir bénéficié de commissions frauduleuses sur des marchés d'armement entre 1993 et 1995. Ces commissions portaient sur quatre marchés au Koweït, en Colombie, en Argentine et au Brésil.

"Il n'a pas perçu de l'argent pour son travail, ses efforts, son mérite, non. Il ne s'est enrichi que du seul fait de sa filiation, d'une solidarité familiale injuste, dévoyée, honteuse. C'est une honte pour ce pays et la république française", a insisté le procureur Romain Victor au tribunal correctionnel de Paris, qui juge l'affaire depuis deux semaines.

La défense va maintenant plaider la relaxe, et le jugement sera mis en délibéré mercredi. Le dossier concerne un présumé système de corruption qui aurait été mis en place, lors du passage de Charles Pasqua à l'Intérieur en 1993-1995, en marge de contrats passés par la Sofremi, société liée au ministère qui aidait les entreprises françaises à exporter leurs armements et matériels de sécurité.

Pierre-Philippe Pasqua, 59 ans, aurait perçu sans jamais travailler 1,835 million de dollars. En fuite en Tunisie depuis plusieurs années, il est revenu le 28 septembre, expliquant à l'audience qu'il comptait sur le "changement de climat en France". La justice française a levé le mandat d'arrêt international contre lui.

Dans cette affaire, l'une des sept où Charles Pasqua est mis en examen, c'est depuis octobre 2004 la Cour de justice de la république, seule juridiction compétente pour les ministres, qui instruit en parallèle contre lui. Il n'est donc pas présent et son procès pourrait attendre des années. Charles Pasqua, âgé de 80 ans, fut un proche de Nicolas Sarkozy, à qui il a laissé la présidence du conseil général des Hauts-de-Seine au moment où il est a été élu en septembre 2004 sénateur de ce département, avec l'appui de l'UMP.

Le procureur Victor a aussi demandé des peines de prison ferme contre trois autres proches de l'ancien ministre.
Trois ans de prison dont deux avec sursis et 375.000 euros d'amende sont requis contre le courtier en armes Pierre Falcone, 53 ans, contre lequel l'accusation retient 15 millions de francs, soit 2,28 millions d'euros d'encaissements frauduleux, redistribués à d'autres. Il doit être jugé aussi l'an prochain dans l'affaire des ventes d'armes à l'Angola, où Charles Pasqua est aussi mis en examen.

Dix-huit mois de prison dont douze avec sursis sont aussi requis contre Bernard Guillet, diplomate et ex-conseiller de Charles Pasqua. En revanche, le procureur demande la relaxe de Jean-Charles Marchiani, 64 ans, ancien préfet du Var et homme de confiance de Charles Pasqua à l'Intérieur, d'Iskandar Safa, milliardaire libanais de 52 ans, et de son frère Akram. Le procureur considère que l'argent qu'ils ont perçu a payé des prestations réelles.

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