Les couteaux sont tirés au PS

François Hollande esssaye de calmer le jeu en affirmant qu'il n'acceptera aucun règlement de comptes. Mais la tension est vive, notamment après les critiques sévères de Dominique Strauss-Kahn.

La tension qui était apparue dès dimanche soir parmi les ténors du PS n'est pas retombée rue de Solférino. François Hollande a refusé ce lundi de se prononcer sur la nécessité d'un congrès de refondation du parti après la défaite de Ségolène Royal à l'élection présidentielle. "Aujourd'hui, il y a une nécessité qui est de conduire la bataille pour les législatives, avec tous. Ensuite, il faudra refonder la gauche, la rassembler, ouvrir les espaces nécessaires. On verra qui le fera, on en discutera", a déclaré le premier secrétaire du Parti socialiste sur RTL.

"Bien sûr qu'il y a avec Ségolène Royal, avec d'autres personnalités, tout ce qu'il faut pour mener ce travail-là. Ségolène Royal a pris depuis déjà plusieurs mois une force qui sera utile à la gauche", a-t-il ajouté. Mais François Hollande est resté évasif sur la nécessité d'un congrès du parti après les élections législatives. "Après il faudra sûrement travailler avec toute la gauche parce que ça ne peut plus durer cette dispersion, ces multiples candidats. On a encore vu ça dans l'élection de 2007: pas moins de six candidats à côté du Parti socialiste", a-t-il poursuivi.

"Il faut bien qu'il y ait - on verra la structure - une discussion pour la meilleure forme de la représentation de la gauche et puis, nous aurons à travailler sur nos propositions, nos idées, nos projets", a commenté le compagnon de Ségolène Royal. Il a prévenu qu'il "ne tolérerait" aucun "règlement de comptes" au PS. "Il y a sans doute des décisions à prendre mais là je ne tolérerai rien", a-t-il dit, car "en ce moment, il y a un défi à relever", évoquant les législatives des 10 et 17 juin.

Dès dimanche, il avait commenté assez sèchement la défaite: "si on n'avait pas fait des erreurs, on serait peut-être aujourd'hui en train de célébrer un succès. Il y a forcément là une leçon à tirer".

Les commentaires les plus durs sont venus de Dominique Strauss-Kahn (DSK), candidat malheureux à l'investiture socialiste, qui a parlé dimanche d'une "très grave défaite". L'ancien ministre s'est déclaré "disponible" pour mener le PS sur la voie de la social-démocratie. "Quand, au bout du compte, on n'est pas clair sur ce qu'on dit aux Français, les Français ne peuvent pas nous suivre", a-t-il poursuivi lundi matin sur Europe 1.

"Nous parlons aux Français des retraites mais nous ne leur disons pas exactement ce que nous voulons faire parce que nous n'osons pas aller jusqu'au bout de la difficulté du problème. Nous parlons aux Français du nucléaire mais nous ne sommes pas clairs sur le sujet. Nous parlons aux Français du protectionnisme et de la TVA aux frontières, mais comme au sein du PS il y a toutes les positions possibles, alors nous ne sommes pas clairs", a-t-il expliqué.

En sens opposé, Laurent Fabius, autre candidat évincé par Ségolène Royal, a appelé de ses voeux l'avènement d'une "gauche décomplexée" et mis en garde contre une évolution au centre, dans une critique à peine voilée de la stratégie de la candidate socialiste, qui avait multiplié les appels du pied aux centristes entre les deux tours. Se voulant rassembleur, l'ancien Premier ministre a estimé que "la gauche, c'est le 'nous', ce n'est pas le 'je' ".

De son côté, Jean-Louis Bianco, un des deux directeurs de campagne de Ségolène Royal, a lundi matin posé la question: "Qu'est-ce qui a manqué le plus? Là-dessus, je suis d'accord avec Dominique Strauss-Kahn, c'est qu'on n'a pas fait, malgré les progrès, une vraie rénovation idéologique. On n'a pas fait ce que l'UMP a fait. On a tous notre part de responsabilité et c'est Ségolène qui a dû bousculer les lignes en trop peu de temps. Donc il faut continuer ce travail de rénovation et pas tirer les uns sur les autres", a ajouté l'ancien ministre.

Le PS devrait réunir dans la semaine son conseil national (parlement du parti) pour tirer les enseignements de la présidentielle et préparer les législatives de juin. Selon certaines sources, Ségolène Royal pourrait prendre assez vite la tête du PS.

Le président du groupe PS à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, a estimé lundi que Ségolène Royal "doit être au coeur" de la bataille des législatives et que "l'entreprise de rénovation qu'elle a engagée doit se poursuivre".
"Aujourd'hui, il y a une nouvelle bataille politique à mener, elle (Ségolène Royal) doit être au coeur de cette bataille", a-t-il déclaré sur France Info. "S'il y a un brutal retour en arrière, aux vieux démons, aux éléphants, aux querelles de chapelle, de courant, je crains le pire", a-t-il ajouté.

Enfin, le porte-parole de campagne de Ségolène Royal, Vincent Peillon, a appelé le PS à "mettre les compteurs à zéro", au lendemain de la défaite. "Il faut franchement se tourner vers l'avenir, un mouvement s'est engagé, enfin. Il faut nous engager sur les législatives et il nous reste à faire un travail de fondation idéologique", a-t-il déclaré sur Canal Plus. Pour ce travail de "refondation politique", Vincent Peillon a souligné qu'il ne fallait "pas revenir à des gens qui ont déjà exercé la responsabilité, à la génération en arrière". "On a entendu hier sur le plateau parler du 'fabuleux combat entre Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius'. Mais le peuple de gauche n'en veut pas, nous voulons aller de l'avant. Rangez vos querelles d'ego dans les poches revolver de vos costards".

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