Duel au couteau entre Alcatel Alenia Space et Astrium

Les deux constructeurs français de satellites Alcatel Alenia Space et Astrium se livrent une guerre féroce dans le domaine spatial militaire. Interrogée au Sénat, la PDG d'Alcatel Alenia Space, Pascale Sourisse, s'inquiète des "risques d'une compétition destructrice" entre les deux rivaux.

La guerre entre les deux constructeurs européens de satellites Alcatel Alenia Space et Astrium continue de faire rage sur les programmes militaires français. Non content de vouloir évincer Alcatel Alenia Space des satellites de télécoms militaires Syracuse (voir La Tribune du 31 janvier), Astrium ne semble plus vouloir coopérer non plus avec son rival dans les satellites d'observation venant après Helios II.

La PDG d'Alcatel Alenia Space Pascale Sourisse s'est "inquiétée" lors de son audition au Sénat "des risques d'une compétition destructrice entre les deux industriels européens". Elle a plaidé "au contraire pour une répartition des tâches s'appuyant sur les compétences déjà développées par chaque partenaire".

Dans ce contexte de compétition, Alcatel Alenia Space, une co-entreprise entre Alcatel et le groupe italien Finmeccanica, "ne verrait que des avantages à une coopération sur le futur système d'observation avec EADS Astrium, mais cette dernière société n'y semble pas disposée, a regretté la PDG d'Alcatel Alenia Space Pascale Sourisse à l'occasion de son audition au Sénat. Cette situation explique les difficultés où se trouve le CNES (Centre national d'études spatiales, NDLR) et le ministère de la Défense pour rendre les arbitrages nécessaires sur ce programme".

Car pour assurer la continuité du service en matière d'observation spatiale (post-Helios II), la PDG d'Alcatel Alenia Space a estimé qu'il faut "impérativement lancer dès cette année les premiers développements technologiques avec les pays partenaires du programme Future capacité d'observation spatiale (FCOS)". Pascale Sourisse a plaidé "pour un schéma industriel valorisant les investissements déjà réalisés dans le cadre du programme Helios pour lequel EADS Astrium avait réalisé la plate-forme et Alcatel Space l'instrument de haute résolution".

Interrogée sur le montant croissant des programmes spatiaux, elle a affirmé aux sénateurs que "le progrès technologique s'accompagnait d'une diminution des coûts". Et au hasard comme exemple, il lui semble "possible de réaliser des satellites d'observation plus performants pour un coût inférieur à celui des satellites Helios. Le prix d'un satellite peut être évalué à environ 100 millions d'euros". Enfin, elle a souhaité privilégier la coopération européenne sur le futur programme qui succèdera à Helios II.

Ainsi, "la volonté de l'Allemagne, de l'Italie et de la France ainsi que de la Belgique, de l'Espagne et de la Grèce, partenaires du programme Helios II, de travailler en commun sur la conception du futur système successeur apparaît de ce point de vue comme une tendance prometteuse". Enfin, elle a confié qu'il existait "un risque d'un retard de calendrier" de ce programme "si les développements technologiques ne sont pas lancés dès 2007".

Dans le domaine des satellites de télécoms militaires, Pascale Sourisse a appelé le ministère de la Défense à répondre au plus vite au "besoin confirmé, dès 2010, d'avoir des "capacités supplémentaires en complément de celles offertes par les deux satellites Syracuse III". Ainsi, elle a plaidé pour un lancement de ce programme "dès 2007". Elle a également rappelé que des besoins analogues apparaissaient "à la même échéance en Italie". De fait, elle a souligné tout "l'intérêt d'une solution franco-italienne qui constituerait le premier programme en coopération européenne dans le domaine des télécommunications spatiales militaires". Soit sur la base d'un satellite Sicral 2 développé par les deux pays". L'armée italienne a déjà à sa disposition Sicral 1.


L'Europe en retard sur les Etats-Unis
Quand un citoyen américain dépense 100 euros par an pour la politique spatiale des Etats-Unis, un Européen ne dépense que 15 euros, a rappelé au Sénat Pascale Sourisse. Soit près sept fois moins qu'un Américain. "La disproportion est encore plus forte" dans le domaine du spatial militaire, les Etats-Unis consacrant 22 milliards de dollars et l'Europe 1 milliard d'euros. Elle a donc déploré que certains pays européens n'aient pas "la même perception des enjeux stratégiques de l'espace, notamment dans ses applications militaires" que la France. Enfin, elle a regretté que "dans un contexte budgétaire difficile, les investissements se soient majoritairement portés sur les lanceurs et le fonctionnement de la base de Kourou", via le programme européen EGAS "au détriment des moyens très insuffisants consacrés aux applications satellites".

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