Troisième suicide chez Renault à Guyancourt : le parquet ouvre une enquête

Le parquet de Versailles a ouvert une enquête préliminaire, mardi, après le suicide d'un employé du technocentre du constructeur automobile à Guyancourt (Yvelines). Deux autres salariés se sont donné la mort depuis octobre 2006. La CFDT dénonce la forte charge de travail et la CGT demande une expertise indépendante.

Que se passe-t-il au technocentre de Renault à Guyancourt (Yvelines)? Un salarié du plus grand site du constructeur automobile, qui emploie plus de 12.000 personnes, s'est suicidé à son domicile de Saint-Cyr-l'Ecole (Yvelines) la semaine dernière. L'homme, âgé de 38 ans, a laissé une lettre dans laquelle il explique son suicide par ses difficultés au travail. Si bien que le parquet de Versailles a ouvert mardi une enquête préliminaire pour vérifier les conditions de travail de cette personne.

Ce suicide survient trois semaines après la marche silencieuse de salariés de Guyancourt en hommage à deux de leurs collègues qui s'étaient donné la mort en octobre et janvier sur leur lieu de travail. En octobre 2006, un technicien en informatique s'est jeté du cinquième étage dans le hall du bâtiment principal du technocentre, où sont conçus les nouveaux véhicules de Renault. En janvier, un ingénieur employé du site s'est noyé dans un des plans d'eau proche du site de Guyancourt, et le commissariat chargé de l'enquête avait conclu à un suicide. Pour ces deux décès, le parquet de Versailles, qui travaille avec l'inspection du travail, a souligné qu'"aucun élément, ni infraction (de l'employeur) n'avaient été retenus qui auraient pu être liés à la mort de cette affaire", selon une source judiciaire citée par l'AFP.

La direction de Renault, qui avait jusqu'à présent écarté tout lien entre les conditions de travail et ces morts volontaires, se montre aujourd'hui plus prudente. "Nous sommes très attristés par ce troisième décès et ce nombre de suicides nous pose beaucoup d'interrogations et renvoie chacun à sa part de responsabilité", a déclaré mardi la direction. Toutefois, ce drame "survient dans un établissement où les conditions de travail ne sont pas les plus difficiles, où le personnel se sent fortement mobilisé", a-t-elle précisé. Trop, peut-être. Selon l'épouse du salarié qui s'est suicidé la semaine dernière, son mari "ramenait ses dossiers à la maison et se levait la nuit pour travailler", indique mercredi Le Parisien.

La CFDT, qui avait dans un premier temps refusé de faire le lien entre les suicides et les conditions de travail au technocentre de Guyancourt, a dénoncé mardi "le décalage entre le discours de la direction et la réalité vécue des salariés" soumis à une "forte charge de travail". Selon ce syndicat, "on observe les limites d'un management soumis à une pression extrême face à des salariés qui ne sont pas en mesure de discuter des modalités de mise en oeuvre, mais trop souvent condamnés à se résigner et à subir". Le Contrat 2009 mis en place par Renault depuis l'an dernier a, selon la CFDT, entraîné "une course aux délais et au développement d'une activité de plus en plus complexe".

De son côté, la CGT demande une "expertise indépendante pour mettre en lumière les causes du mal vivre au technocentre et dans l'ingénierie tertiaire", le but étant de ne pas "traiter uniquement les conséquences sociales d'une organisation de travail, d'objectifs et de méthodes de management". Ce syndicat a réclamé également la tenue d'un CHS-CT (comité d'hygiène, de sécurité et de conditions de travail) extraordinaire ainsi qu'une rencontre avec la direction de l'établissement.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.