Chirac veut "verdir" les logements

Le président de la république a émis "l'idée d'un grand plan national" pour réduire la consommation énergétique du secteur de l'habitat.

"Nous devrons engager un plan national de grands travaux pour rénover l'ensemble du parc des logements et bâtiments anciens: ils constituent un gisement immense d'économies d'énergie", a déclaré ce jeudi le président de la république lors de ses voeux aux forces vives de la nation.

Le secteur de l'habitat constitue en effet, avec celui des transports, l'une des sources les plus importantes d'émissions de dioxyde de carbone (CO2). Selon les experts, il est responsable de 20% des rejets de gaz à effet de serre, vapeurs responsables du réchauffement climatique.

Si on additionne les rejets émis par les transports (voitures, camions, bâteaux, hors avions) qui participent pour leur part à 27 % ces émissions, les deux secteurs sont alors responsables de pratiquement la moitié des pollutions atmosphériques. Et, cerise sur le gâteau, le bâtiment et les transports sont les domaines dont les rejets ont le plus augmenté depuis 1990: + 22 % pour le premier, + 23 % pour le second.

En proposant d'intervenir sur le secteur du bâtiment, et particulièrement celui de l'habitat ancien, Jacques Chirac ne se trompe pas de cible. S'il est un domaine où il faut intervenir pour espérer diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050, comme les gouvernements européens s'y sont engagés, c'est bien celui là.

Reste que la politique menée dans ce domaine reste insignifiante. Ce ne sont pas quelques crédits d'impôt pour aider à l'installation de chauffe-eau solaires, ou l'obligation de présenter un bilan énergétique d'un logement lors de sa vente ou sa mise en location qui permettront de résoudre le problème.

Le président de la république a également évoqué l'idée, déjà émise fin novembre par son Premier ministre Dominique de Villepin, de la création d'une taxe carbone sur les produits en provenance de pays refusant de s'engager dans des politiques de réduction de leurs émissions polluantes. Idée généreuse mais qui rencontre deux obstacles majeurs.

D'abord, la taxe s'apparentera pour les produits concernés à de nouveaux droits de douanes dissimulés sous le masque de la protection de l'environnement. Ces nations ne manqueront pas de réagir et pourraient répliquer en instaurant, de leur côté, des taxes à l'exportation sur les produits français. Ce qui renchérira leur coûts et réduira au mieux en partie, au pire totalement, leur compétitivité sur leurs marchés.

Ensuite, la décision n'a de sens que si elle est prise au niveau de l'Europe des 27. Les Allemands ou les Britanniques, dont les exportations sont nettement supérieures à celles de la France, avec les Etats-Unis qui eux-mêmes ne sont pas signataires du protocole de Kyoto et donc directement concernés par la nouvelle écotaxe, sont-ils prêts à accepter une taxation de leurs exportations au nom de la défense de l'environnement?

Rien n'est moins sûr. Et la taxe carbone pourrait alors subir le même sort que la baisse de la TVA dans la restauration promise par Jacques Chirac en 2002, mais jamais mise en oeuvre par manque de consensus entre Européens.

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