L'Asie se réjouit hâtivement des retombées de la baisse des taux américains

Les investisseurs internationaux reviennent dans la région, estimant que le risque de récession aux Etats-Unis est écarté et que les exportateurs asiatiques en seront les premiers bénéficiaires. Mais si elle devait durer, l'envolée des devises de l'Asie émergente risque de pénaliser les exportateurs dont dépend la croissance régionale.

La vigoureuse baisse de taux opérés mardi par la Réserve Fédérale (de 50 points de base à 4,75%, deux fois plus qu'attendu) sera-t-elle profitable à l'Asie, une zone fortement exportatrice ? A en juger par les premières réactions des pays concernés, l'espoir de bénéficier d'une détente du loyer de l'argent et de son effet dopant pour la croissance aux Etats-Unis, l'un des principaux débouché des industries asiatiques, l'emporte.

Il y a encore quelques jours, la crise provoquée par les emprunts hypothécaires à haut risque "subprime" ne faisait-elle pas craindre un grave ralentissement économique outre-Atlantique voire une récession ? L'envolée du prix des actifs asiatiques au cours des dernières heures est édifiante. L'indice Morgan Stanley capital international Asia-Pacific reflétant les actions de la région progresse depuis deux jours, atteignant un plus haut depuis juillet, les investisseurs se sentant suffisamment rassurés pour retrouver du goût pour les placements relativement risqués. Ceux-ci parient également que l'Asie, qui recèlent deux des locomotives économiques mondiales, la Chine et l'Inde, sera épargnée par un éventuel ralentissement de l'activité dans le monde.

Il y a quelques jours, la Banque asiatique de développement rehaussait ses prévisions de croissance pour l'Asie hors Japon et Australie à 8,3% cette année contre 7,6% initialement. Sur le marché obligataire, la prime de risque sur les emprunts asiatiques s'est rétrécie à 198 points de base contre 222 pdb avant la baisse des taux américains. Presque toutes les devises asiatiques sont orientées à la hausse, le dollar de Singapour atteignant un record inédit depuis 1997. Taïwan, la Thaïlande et la Corée du sud, jugés sous-estimés, sont parmi les principaux bénéficiaires du retour des investisseurs, même si les places de Hong Kong et la Chine paraissent les plus prometteuses à terme.

Particulièrement optimiste, le vice-ministre des finances de Corée, Kim Seok, estime que "la baisse des taux par la Fed va contribuer à atténuer la nervosité des marchés financiers et aura un effet positif sur notre économie et nos exportations car l'hypothèse d'un ralentissement contrôlé de l'économie mondiale est très probable".

Plus nuancée, l'Inde, dont la roupie a enfoncé le seuil de 40 pour un dollar pour la première fois en neuf ans, provoque l'inquiétude des exportateurs. "Si la valeur de la roupie continue de monter, 8 millions de personnes risquent de perdre leur emploi d'ici à la fin de l'année", s'est alarmé Ganesh Kumar Gupta, président de la Fédération des exportateurs indiens à New Delhi. Le bouillonnant ministre du commerce, Kamal Nath, n'a pas caché son inquiétude et a d'ores et déjà évoqué des aides aux exportateurs. Il est vrai que contrairement à nombre de ses voisins, l'Inde souffre d'un déficit commercial chronique dont elle tente en vain de sortir depuis plusieurs années.

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