Les statisticiens de l'emploi se mobilisent sur la fiabilité des chiffres du chômage en France

Leurs syndicats appellent à un rassemblement jeudi pour exiger la suspension de la publication des chiffres du chômage. Le chiffre mensuel publié par le gouvernement, basé sur les données ANPE, ne reflète plus selon eux l'évolution du chômage depuis 2005.

En colère, les agents des services statistiques se mobilisent jeudi "pour en finir avec la confusion" relative à l'évolution du chômage en France depuis 2005. Dans un texte diffusé mercredi, les personnels de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère de l'Emploi estiment que contrairement à ce qu'affirme le gouvernement, "on n'observe pas de baisse significative du taux de chômage en 2006".

Les syndicats des services statistiques du ministère (CGT, CFDT, FO, Snu-FSU et Unsa), mais aussi de l'Insee (CGT, CFDT, Sud et FO) et de l'ANPE (Snu-FSU, Sud et FO) appellent à un rassemblement devant la Dares pour demander la suspension de la publication des chiffres du chômage, dont la prochaine doit avoir lieu entre les deux tours de l'élection présidentielle. Une première.

La polémique sur les chiffres du chômage est née de la décision de l'Insee, en janvier, de reporter la publication de son enquête Emploi, qui intervient traditionnellement en mars. Arguant de "fragilités" des résultats statistiques de l'enquête 2006, la direction de l'Insee a annoncé que ceux-ci ne seraient connus qu'à l'automne. Or, cette enquête donne le taux de chômage définitif pour l'année, alors que le chiffre publié chaque mois par le gouvernement, qui s'appuie sur les données de l'ANPE, n'est que provisoire. Or, "en moyenne annuelle le taux de chômage estimé par l'enquête Emploi s'établit à 9,8% en 2006, comme en 2005", affirment les statisticiens du ministère de l'Emploi, contre un taux de 8,6% avancé par le gouvernement.

A l'instar du collectif Les autres chiffres du chômage (ACDC), qui regroupe économistes, syndicalistes et associations de chômeurs, les personnels de la Dares estiment que "les nombreux changements dans la gestion de la liste de l'ANPE" survenus depuis le milieu de l'année 2005 - convocations plus fréquentes, délais d'actualisation de la situation des demandeurs d'emploi plus courts, etc.- conduisent à sous-estimer le nombre de demandeurs d'emploi. Selon le chiffrage réalisé par ACDC, "près de 200.000 demandeurs d'emploi ont disparu des listes de l'ANPE (en 2006) mais sont bel et bien restés chômeurs". Or l'enquête Emploi, basée sur la déclaration des intéressés, est plus fidèle à la réalité.

Fin mars, l'office européen de statistiques Eurostat a relevé le taux de chômage français sur plusieurs mois, notamment celui de février, qu'il évalue à 8,8% et non 8,4% comme l'affirme le gouvernement. Pour les personnels de la Dares, "les données de l'ANPE ne suffisent plus pour reflérer à elles seules les évolutions réelles du chômage au sens du BIT", permettant notamment les comparaisons internationales. L'intersyndicale appelle à la tenue "d'Etats généraux des chiffres du chômage".

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