Fillon arrive à Matignon animé d'une forte ambition réformatrice

Considéré comme un homme d'écoute et de dialogue, le Premier ministre juge nécessaire, comme Nicolas Sarkozy, une politique de rupture.

Il ne faut sans doute pas se fier à l'image rassurante du gaulliste social qui lui colle à la peau depuis qu'il côtoyait de près Philippe Séguin, alors président du RPR. Car François Fillon, qui depuis hier occupe Matignon et dont le gouvernement est dévoilé ce matin, partage avec le nouveau chef de l'État la même conviction qu'une rupture est nécessaire pour relever la France.

Les réformes, le Premier ministre a eu déjà l'occasion de s'y atteler, lui qui conduisit celle, difficile, des retraites sous le gouvernement Raffarin, en 2003. Il y gagna ses galons d'homme d'écoute et de dialogue, une bonne connaissance des dossiers sociaux et l'estime des organisations syndicales. Autant d'atouts dont il va pouvoir se servir aujourd'hui pour entreprendre une ambitieuse politique de réformes. Convaincu que " la France peut supporter la vérité ", titre de son dernier livre publié en 2006 selon une formule empruntée à Pierre Mendès France. " Il faut tout changer pour retrouver la confiance en nous-mêmes qui nous replacera sur la bonne trajectoire ", affirmait à l'automne dernier François Fillon, qui prône la " rupture ", comme le candidat UMP à la présidentielle dont il est alors l'un des plus ardents partisans.

L'électrochoc des régionales

Le clan sarkozyste, François Fillon l'a rejoint pourtant sur le tard. L'échec de la droite aux régionales de 2004, qui lui fait perdre la présidence de la région des Pays de la Loire, lui sert d'électrochoc. " Un 21 avril à l'envers ", lance à la télévision, la mine défaite, le ministre battu le soir des résultats. Avancer avec prudence dans les réformes, pour ne pas heurter le corps social, il n'y croit plus. Les revers électoraux le persuadent que la France a besoin de courage et d'un pouvoir qui frappe vite et fort. Sa conviction est faite: seul Nicolas Sarkozy incarne ce renouveau de la pratique politique française capable de faire gagner la droite. La rupture avec Chirac viendra un an plus tard. Après l'échec du référendum sur la Constitution européenne, Dominique de Villepin ne l'intègre pas dans son gouvernement. Nicolas Sarkozy voit tout de suite l'intérêt de récupérer à son service cette caution sociale et séguiniste qui peut l'aider à contrebalancer son image libérale.

Il lui confie la préparation du projet UMP pour les législatives dont il s'inspirera pour son projet présidentiel. En septembre 2006, François Fillon sort de sa prudence pour préconiser dans le Parisien la réforme des régimes spéciaux de retraite. Ceux-là même qu'il avait bien pris soin de ne pas aborder en 2003, conscient des risques politiques du dossier, après l'échec cuisant d'Alain Juppé en 1995 qui avait dû retirer son plan sous la pression de la rue.

D'autres réformes difficiles attendent le Premier ministre, telle l'instauration d'un service minimum dans les transports publics. Avec François Fillon à Matignon, le président pourra garder la haute main sur la conduite de la politique gouvernementale. L'exercice du pouvoir se jouera d'abord à l'Elysée, en liaison étroite avec Matignon. Dans le droit fil d'un renforcement du pouvoir présidentiel.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.