Les affrontements de Villiers-le-Bel font resurgir le spectre des émeutes urbaines de 2005

Une deuxième nuit de troubles a fait plus de soixante blessés chez les policiers et occasionné de lourds dégâts matériels dans six villes du Val d'Oise, dans la nuit de lundi à mardi. Une situation qui fait inévitablement penser aux émeutes des banlieues de l'automne 2005.

Vivra-t-on à nouveau des émeutes dans les banlieues comme à l'automne 2005 ? Le Premier ministre François Fillon s'est rendu ce mardi matin à Villiers-le-Bel (Val-d'Oise), théâtre d'une deuxième nuit d'affrontements faisant plusieurs dizaines de blessés parmi les forces de l'ordre. Il devait précéder Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, qui se rendait aussi ce matin dans le Val d'Oise, afin de se rendre compte des dégâts après les affrontements entre jeunes et forces de l'ordre dans la nuit de lundi à mardi, notamment à Villiers-le-Bel. Elle doit également se rendre à l'hôpital de Gonesse, au chevet des quelque 60 policiers blessés durant les affrontements.

Interrogée sur RTL, la ministre a demandé mardi l'aide de la "population" des communes où ont eu lieu des violences urbaines. "Il faut que la population de ces communes nous aide à isoler ceux qui sont des délinquants", a-t-elle insisté, ajoutant qu'il a eu dans la nuit "effectivement un peu plus d'une soixantaine de policiers qui ont été atteints, notamment par des petits plombs, puisqu'ils (les jeunes qui affrontent les forces de l'ordre, ndlr) tirent des cartouches de chasse". Parmi les policiers blessés, "il y a des blessés sérieux, c'est-à-dire des gens qui ont notamment été atteints au visage, et près de l'oeil", a-t-elle précisé.

Selon des sources policières, entre 64 et 82 policiers ont été blessés, cinq d'entre eux étant dans un état grave, lors de ces nouveaux affrontements. Au lendemain de la mort de deux adolescents dans une collision entre leur mini-moto et un véhicule de police à Villiers-Le-Bel, ces affrontements ont duré de 19 heures 30 à 1 heure du matin dans six villes du département: Villiers-Le-Bel, Sarcelles, Garges-lès-Gonesse, Cergy, Ermont et Goussainville.

Au total, 63 véhicules et cinq bâtiments ont été incendiés dans ces villes, dont la bibliothèque Bellevue, deux écoles, la trésorie et un supermarché à Villiers-le-Bel, selon la préfecture. Six personnes ont été interpellées. Les jeunes, encagoulés, jouaient au chat et à la souris avec les forces de l'ordre, les bombardant de projectiles et essuyant en retour des tirs de flashball et de gaz lacrymogènes. Quelques-uns manipulaient des cocktails Molotov.

Un cameraman de télévision a reçu des coups au visage et s'est fait dérober sa caméra. Dans l'après-midi, une équipe de France 3 Ile-de-France s'était déjà fait voler sa caméra et l'un des journalistes a été frappé. Plusieurs véhicules étaient en feu, dont une voiture de police et une benne à ordures, ainsi que des poubelles. Un véhicule de police a été saccagé. Des incidents sans gravité, selon la préfecture, se sont également produits aux Mureaux (Yvelines). En Seine-Saint-Denis, foyer des violences urbaines de novembre 2005, la situation était "calme", selon la police.

Afin de conjurer l'embrasement, les avocats des familles des deux adolescents décédés ont annoncé qu'ils allaient demander mardi l'ouverture d'une information judiciaire. "La conduite de l'enquête sous la direction d'un juge d'instruction permettra l'accès des parents des deux adolescents à la procédure. C'est un geste qui contribuera à ramener la paix dans les esprits", a annoncé Me Jean-Pierre Mignard, avocat des deux familles concernées et de celles de deux adolescents de Clichy-sous-Bois décédés en octobre 2005 dans un transformateur électrique après avoir été poursuivis par des policiers.

Le président de la république, Nicolas Sarkozy, recevra mercredi à 9 heures à l'Elysée les familles des deux adolescents décédés dimanche à Villiers-le-Bel, a annoncé mardi Fadela Amara, secrétaire d'Etat chargée de la politique de la Ville. Il se rendra mercredi aussi à l'hôpital d'Eaubonne pour rencontrer des policiers et des pompiers blessés lors des violences, a annoncé mardi l'Elysée. Le chef de l'Etat recevra ensuite le maire de Villiers-le-Bel à l'Elysée et tiendra une réunion sur la sécurité avec le Premier ministre, les ministres de l'Intérieur et de la Justice et la secrétaire d'Etat chargée de la politique de la Ville, a précisé son porte-parole, David Martinon.

Il doit aussi réunir aujourd'hui 1.800 policiers et gendarmes à La Défense (Hauts-de-Seine) afin d'adresser un "message fort au pays" sur la sécurité, selon son entourage.

Les premiers éléments de l'enquête ont écarté lundi la responsabilité des policiers. Le procureur de la république de Pontoise, Marie-Thérèse de Givry, a déclaré à la presse que trois témoins entendus dimanche soir par l'IGPN avaient confirmé la version des policiers "à savoir que la mini-moto est arrivée relativement rapidement sur leur gauche".

Lundi, Michèle Alliot-Marie avait estimé que les violences de Villiers-le-Bel survenues dans la nuit de dimanche à lundi après la mort de deux adolescents étaient organisées et voulues. "Il y a un certain nombre de personnes qui essayent de créer des incidents graves pour profiter de cette situation, pour commettre un certain nombre d'actions du type de celle qu'on a vues la nuit dernière", a-t-elle dit sur Europe 1.

"Qui et pourquoi ? Des personnes qui ont intérêt, sans doute pour couvrir certaines de leurs actions, ont intérêt à faire des amalgames et entrainer des personnes qui n'ont rien à voir avec elles dans tout ceci", a-t-elle ajouté. Les policiers seront donc présents à Villiers pour "protéger" les habitants, les "98% de la population qui aspirent à vivre tranquillement".

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