La comédie du pouvoir

Avec "Nekrassov", Jean-Paul Sartre a écrit au début des années 1950 une comédie bouffonne sur les jeux de pouvoir. Elle est mise en scène efficacement par Jean-Paul Tribout.

Historiquement, "Nekrassov", pièce à l'affiche du Théâtre 14 à Paris, renvoie aux années de guerre froide. Quand toute information provenant de l'un des deux blocs, est et ouest, devait être décryptée avec prudence avant toute réaction. On sait dans quel camp Sartre est, alors, en ce début des années 50 quand il l'écrit. Or, il décide de s'amuser en brossant une comédie faisant valser les jeux de pouvoir (l'existentialisme est sous-jacent), ceux de la politique, des médias et, tout bonnement, de la séduction. Des images trompeuses qui peuvent engendrer le ridicule.

La mise en scène de Jean-Paul Tribout, qui interprète par ailleurs le patron de presse Jules Palotin, ne cherche pas à reconstituer l'ambiance de guerre froide régnant à l'époque de la création de la pièce. Nous sommes avant tout en face d'un mystificateur, Georges de Valéra (Eric Verdin dans le rôle), qui, pour vivre grand train (femme et argent), triche sur ses origines et sur son rôle politique supposé dans un pays étranger (bien sûr l'URSS) qu'il vient, selon lui, de fuir pour la liberté. Et il profite, en retour, des complaisances des responsables d'ici - la France -, ceux de la presse, de la police et du monde politique.

On en entend de belles pendant le spectacle qui commence par quelques notes du "Déserteur", la chanson de Boris Vian. Du genre "Je suis un journal objectif... un journal gouvernemental", "On te paye pour désespérer les pauvres.." ou encore "Oh! Etre un quotidien de gauche... pour un soir", etc. Tout cela sur un rythme soutenu, avec des décors qui virevoltent entre bord de Seine, salle de presse et autre appartement et des entrées-sorties de comédiens qui ne se ménagent pas. Ils sont 9 pour 19 rôles! Ils mériteraient d'être tous cités. Chapeau!

Jusqu'au 27 octobre au Théâtre 14 Jean-Marie Serreau. Tél: 01 45 45 49 77. Prochain spectacle annoncé: "La Créole de Tulipatan" de Jacques Offenbach du 13 novembre au 31 décembre.

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