Une semaine marquée par la visite de Kadhafi, le coup de maître de Lafarge et le coup de force des grandes banques centrales

A la une de l'actualité cette semaine, le séjour controversé du "Guide" libyen à Paris et ses promesses de contrats commerciaux. Les nouvelles mesures prises par les banques centrales pour remédier à la crise financière, l'acquisition d'Orascom Cement par Lafarge, la probable banalisation de la distribution du Livret A et les mauvais chiffres de l'inflation ont aussi animé les débats.

A Paris pendant cinq jours, le chef d'Etat libyen a exprimé son souhait de coopérer économiquement avec la France.

VISITE DE KADHAFI : PROMESSES DE CONTRATS COMMERCIAUX SUR FOND DE POLEMIQUE DIPLOMATIQUE

A peine quelques heures après l'arrivée à Paris lundi de Mouammar Kadhafi, Nicolas Sarkozy s'est réjoui du potentiel commercial de cette rencontre. "Je vais signer une dizaine de milliards d'euros de contrats", a annoncé le président de la république. Près de la moitié (4,5 milliards d'euros) de ces accords porte sur du matériel d'armement, dont potentiellement quatorze avions de chasse Rafale. Le "Guide" libyen et Nicolas Sarkozy ont signé un protocole de négociations exclusives qui porte jusqu'au 1er juillet prochain. Les deux chefs d'Etat ont aussi prévu de coopérer dans les domaines du nucléaire civil, du BTP et de la gestion d'eau potable. Airbus a par ailleurs confirmé la vente d'une vingtaine d'avions pour plus de 2 milliards d'euros.

Ces promesses de transactions ont alimenté la polémique suscitée par la visite du colonel Kadhafi. Laurence Parisot a justifié mercredi ces négociations : "c'est à l'occasion d'échanges commerciaux que se font les échanges d'idées, les échanges qui permettent d'avancer", soutenait la patronne du Medef. En revanche, pour l'opposition, le leader libyen reste un dictateur qui n'aurait pas dû être reçu à Paris. Même au sein du gouvernement, la venue de Kadhafi a soulevé des objections. "La France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort", s'emportait lundi Rama Yade, secrétaire d'Etat aux droits de l'homme.

PLUSIEURS BANQUES CENTRALES AGISSENT ENSEMBLE POUR TENTER D'ENRAYER LA CRISE DU "SUBPRIME"

La Fed et les banques centrales européenne, anglaise, suisse, canadienne vont coordonner leurs actions pour remédier à la crise financière née aux Etats-Unis, dans le secteur immobilier. L'objectif de cette initiative, annoncée mercredi, est de "réduire la pression sur les marchés de financement à court terme". Chacune de ces institutions monétaires va donc, d'ici à la fin du mois, libérer des liquidités sur son marché domestique. Cette intervention inédite semble justifiée par les mauvais résultats publiés cette semaine par plusieurs banques. Aux Etats-Unis, Bank of America a lancé mercredi un avertissement sur ces performances du quatrième trimestre. La banque a dû provisionner 3,3 milliards de dollars à cause de dépréciations d'actifs.

La banque d'investissements Lehman Brothers a aussi annoncé une baisse de son bénéfice trimestriel (11%) due à la crise des crédits hypothécaires à risque. Citigroup a, quant à elle, réintégré dans son bilan 49 milliards de dollars d'actifs détenus par ses véhicules d'investissement (SIV). La première banque de détail américaine souhaite ainsi éviter une dégradation de la notation financière de ses SIV. En France, la Société générale a réalisé une opération similaire.

LAFARGE ACHETE ORASCOM CEMENT POUR 8,8 MILLIARDS D'EUROS

Le numéro un mondial des matériaux de construction Lafarge a annoncé lundi l'acquisition de son concurrent égyptien Orascom Cement. Cette opération va coûter 8,8 milliards d'euros au groupe français (dont 1,4 milliard d'euros de reprise de dette). Elle sera financée à hauteur de 6 milliards d'euros par de la dette. Les 2,8 milliards d'euros de fonds propres sont apportés par Orascom qui devient ainsi le deuxième actionnaire de Lafarge (avec une participation de 11,4%, derrière la holding d'Albert Frère).

" Nous payons un peu cher mais je crois que c'est le juste prix car Orascom détient un outil industriel performant", confiait mardi Bruno Lafont, patron de Lafarge. En prenant le contrôle du leader des matériaux de construction au Moyen-Orient, Lafarge poursuit sa stratégie de développement dans les pays émergents.

NICOLAS SARKOZY ENVISAGE LA GENERALISATION DE LA DISTRIBUTION DU LIVRET A

"Je ne verrais pas d'inconvénient à ce que la distribution du Livret A soit élargie à d'autres réseaux bancaires", a concédé mardi Nicolas Sarkozy. Le président de la république souhaite cependant que "cela ne bouleverse pas l'équilibre économique des réseaux qui distribuent aujourd'hui le Livret A", à savoir la Banque postale, les Caisses d'épargne et le Crédit mutuel (Livret Bleu). Nicolas Sarkozy a aussi exigé que cet élargissement ne compromette pas le financement du logement social (réalisé avec les fonds des Livrets A).

Le gouvernement attend toutefois un rapport sur la question de l'économiste Michel Camdessus avant de prendre sa décision. La Commission européenne a réclamé que la France mette fin au monopole de distribution du produit d'épargne préféré des Français (116,6 milliards d'euros d'encours défiscalisés pour 46 millions de titulaires) d'ici au 10 février prochain.

"30 MILLIARDS D'EUROS" DE RETOMBEES POSITIVES GRACE AUX MESURES POUR LE POUVOIR D'ACHAT, D'APRES BERCY

D'après Christine Lagarde, "30 milliards d'euros" seront injectés dans l'économie grâce aux mesures pour le pouvoir d'achat. La ministre de l'Economie a défendu jeudi le projet de loi devant l'Assemblée nationale. Le texte (qui prévoit notamment de rendre possible les rachats de jours de RTT) doit être examiné par les députés à partir de mardi prochain.

La nouvelle hausse de l'inflation réduit la portée de ces annonces. Les prix à la consommation ont augmenté de 0,4% en novembre, d'après le rapport de l'Insee publié jeudi. Sur un an, l'inflation s'élève à 2,4% en France, soit le taux le plus élevé de ces trois dernières années, et à 3,1% dans la zone euro (d'après les derniers chiffres d'Eurostat).

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