Les banquiers centraux restent sereins face aux turbulences

Ayant régulièrement évoqué la complaisance excessive des investisseurs à l'égard du risque ces derniers mois, les banquiers centraux ont plutôt tendance à juger salutaire la remontée de l'aversion au risque. D'autant que la bonne tenue de l'économie mondiale permet de mieux absorber les chocs. L'évolution de la croissance américaine reste le principal sujet d'inquiétude.

Réunis depuis dimanche au siège de la Banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle, les banquiers centraux apparaissent relativement sereins face aux turbulence qui ont parcouru les marchés ces dernières semaines. Entre le 27 février et le 5 mars, les investisseurs ont vu 3.300 milliards de dollars de capitalisation boursière partir en fumée. Mais pour Holger Schmieding, chef économiste à la Bank of America, la dernière tempête boursière "n'empêchera certainement pas les banquiers centraux de dormir tranquille". "Cela fait un moment qu'ils mettent en garde les investisseurs contre le niveau élevé d'appétit pour le risque".

Le gouverneur de la banque centrale argentine, Martin Redrado, voit ainsi la correction des marchés boursiers et la hausse de la volatilité comme "une évolution réaliste conduisant à une meilleure compréhension des risques". Martin Redrado, comme Hamad Saud al-Sayyari, gouverneur de l'autorité monétaire saoudienne, n'en oublient pas pour autant les menaces qui pèsent sur l'économie mondiale. "Un certains nombres d'inquiétudes demeurent", estime le gouverneur argentin, faisant référence aux problèmes du secteur hypothécaire américain.

Talon d'Achille de l'économie de l'oncle Sam, l'évolution de l'immobilier reste pour l'ensemble des investisseurs un sujet des plus sensibles. "Les marchés se sont ajustés et ont regagné une partie de leurs pertes mais nous sommes toujours dans une période d'incertitude", déclare Hamad Saud al-Sayyari.

Une chose est sûre : la bonne santé de l'économie mondiale devrait aider à absorber les chocs. Pour le banquier central chilien Vittorio Corbo, "l'économie mondiale affiche toujours de très fortes performances en particulier en Europe et au Japon". Quant à Martin Redrado et à son homologue mexicain Guillermo Ortiz, ils constatent que les marchés émergents ont particulièrement bien résisté aux dernières turbulences.

Les marchés obligataires mondiaux devraient continuer à bénéficier des achats massifs des banques centrales asiatiques et des instituts monétaires des pays exportateurs de pétrole. Certaines études estiment que sans cette demande les taux d'intérêt à long terme seraient d'un demi à deux points de pourcentage plus élevés aux Etats-Unis.

Dimanche, Wu Xiaoling, vice-gouverneur de la banque centrale chinoise, a annoncé que cette dernière allait continuer de puiser dans ses réserves de changes pour acheter des obligations du Trésor américain. Vendredi, le ministre chinois des Finances, Jin Renquing, avait déclaré que Pékin préparait la création d'une nouvelle agence d'investissement destinée à maximiser le rendement des réserves de changes du pays, estimées à plus de 1.000 milliards de dollars.

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