Bouclier antimissiles en Europe : le ton monte entre Moscou et Washington

Le président russe menace d'abandonner le traité sur les forces nucléaires intermédiaires si Washington déploie son bouclier antimissile en République tchèque et en Pologne.

Le président russe Vladimir Poutine a appelé ce vendredi Washington à suspendre son projet de déploiement d'un bouclier antimissiles en Europe. Si l'administration américaine poursuit son projet, Moscou menace d'abandonner le traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI), un des textes clefs régissant la sécurité en Europe après la Guerre froide.

Vladimir Poutine, qui s'oppose à George Bush sur plusieurs questions de défense, a reçu dans la matinée la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice et son collègue de la Défense Robert Gates, venus discuter à Moscou de l'épineux dossier du bouclier antimissiles. Il a d'emblée appelé les Américains à ne pas "faire passer en force" leur projet de bouclier tant que les négociations continuent entre Russes et Américains.

Washington négocie en effet actuellement le déploiement d'une station radar en République tchèque et d'intercepteurs de missiles en Pologne, pour un bouclier censé protéger l'Occident contre une menace iranienne. Convaincus que cette initiative va à l'encontre de leurs intérêts stratégiques, les Russes proposent leur base radar de Gabala, en Azerbaïdjan, voisin de l'Iran.

Signé en 1987 entre Américains et Soviétiques, l'accord FNI, d'une durée illimitée, prévoit l'élimination et l'interdiction permanente d'une classe entière de missiles balistiques américains et soviétiques de 500 à 5.500 kilomètres de portée. En février, Moscou avait déjà menacé de sortir de ce traité en réponse au projet américain de déploiement d'éléments du bouclier antimissiles.

Dans l'avion qui la conduisait à Moscou, Condoleezza Rice s'est montrée déterminée à défendre le projet de bouclier américain. "Nous sommes très clairs sur le fait que nous avons besoin des sites tchèque et polonais", a-t-elle déclaré. Les responsables américains, en visite jusqu'à samedi soir dans la capitale russe, doivent également chercher à dissuader Moscou de remettre en cause plusieurs traités sur le contrôle de l'armement datant de la Guerre froide. Outre l'accord FNI mentionné par Vladimir Poutine, deux autres accords clefs sont concernés: le traité sur les Forces conventionnelles en Europe (FCE), qui fixe un plafond pour les forces armées classiques des deux anciens blocs antagonistes en Europe, et le traité Start sur la réduction du nombre des armes stratégiques, qui arrive à expiration en décembre 2009.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.