Guillaume Nicloux trouve la clé d'un bon film noir

Après "Cette femme-là" et "Une affaire privée", Guillaume Nicloux réussit avec "La clef", l'un de ces films noirs dont il a le secret. L'histoire d'un trentenaire pris dans les filets d'une sombre machination. Un film dense et captivant.

Ils sont venus, ils sont tous là, les héros des précédents films de Guillaume Nicloux. Michèle Marin (Josiane Balasko), tout d'abord, hier méconnaissable en commissaire orpheline de son fils dans "Cette femme-là" (2003). François Manéri (Thierry Lhermitte) ensuite, inoubliable détective déglingué de "Une affaire privée" (2002). Il n'en fallait pas moins pour accueillir Eric Vincent (Guillaume Canet), nouvel arrivant au sein de la galaxie du réalisateur.

L'occasion pour ce dernier de renouer avec l'un de ces films noirs dont il a le secret. Car Nicloux s'est imposé au cours de ces dernières années comme l'un des cinéastes les plus novateurs de sa génération, habile à régénérer le genre. A l'exception du "Concile de pierre", ses derniers films sont portés par une écriture cinématographique aussi dense qu'originale.

Cette fois, le réalisateur a choisi de conter les aventures d'un jeune trentenaire. Fraichement marié à Audrey (Marie Gillain), professionnel respecté par ses pairs, le jeune homme a tout pour être heureux. Il sent pourtant un malaise persistant autour de lui. Les choses se gâtent le jour où un homme (Jean Rochefort) l'appelle pour lui parler de son père qu'il n'a pas connu. Et lui remettre ses cendres par la même occasion. Mais l'urne se révèle très vite un cadeau encombrant.

Couleurs glauques, lumières sourdes, premières scènes au montage saccadé... Guillaume Nicloux plonge d'emblée les spectateurs dans une ambiance poisseuse, filmant ses acteurs comme jamais. Jean Rochefort, lesté de sa moustache, est insaisissable et inquiétant. Vanessa Paradis apparaît comme une fleur fanée et Josiane Balasko excelle avec un jeu tout en retrait.

Le réalisateur s'y entend pour entremêler quête identitaire et enquête policière. Il croise les époques et les personnages avec aisance, tout en maintenant le public dans un épais brouillard. Car nul ne peut prévoir ce qui va se passer dans la scène suivante. Certes, le film est un peu long. Mais il n'en est pas moins captivant.

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