Un prof sous influence

Prix du meilleur film à Sundance, "Half Nelson" dépeint la déchéance d'un enseignant de Brooklyn qui se bat pour aider ses élèves tout en s'enfonçant lui-même dans la drogue.

"Half Nelson" s'ouvre sur une scène montrant un jeune homme, affalé au milieu d'un appartement glauque qui n'a vraisemblablement pas été nettoyé depuis des lustres, à moitié nu, combattant une gueule de bois sans pareille
pour tenter de se lever. La scène suivante, on le retrouve dans une classe d'un collège difficile de Brooklyn, face à une trentaine de gamins de 13-14 ans. On comprend alors qu'"Half Nelson" ne sera pas un film sur l'enseignement comme les autres.

Dan Dunne (Ryan Gosling) est un jeune professeur idéaliste qui s'investit sans compter dans son travail pour tenter de sauver des gosses sans avenir. Son autre particularité est d'être accroc au crack. Un exutoire qui lui
permet de contrebalancer l'énergie qu'il déploie chaque jour en classe mais qui l'entraîne inexorablement dans la dépendance et le désespoir. Le film prend un tournant lorsque Drey, une jeune élève dont la famille est
éclatée depuis que son frère a été incarcéré pour trafic de stupéfiants, le surprend en train de se faire un "shoot".

Débute alors une relation complexe entre les deux protagonistes qui vont s'épauler mutuellement pour combattre leurs démons. L'originalité d'"Half Nelson" tient à la mise en confrontation de deux figures stéréotypées pour mieux les détourner. Ici, l'adulte blanc, représentant de l'autorité, est aussi paumé que la jeune afro-américaine
issue d'un milieu défavorisé. Sujet ambitieux mais risqué qui mérite un traitement délicat sous peine de sombrer dans le pathos.

On regrettera un dénouement exagérément optimiste, d'autant qu'il vient entacher ce qui une heure et demie durant fonctionnait à merveille, le réalisateur Ryan Fleck parvenant à maintenir un équilibre sensible entre émotion et réalisme. Un bémol qui n'a pas empêché le film de remporter une pluie de récompenses dans les festivals internationaux : Grand Prix du Jury à Locarno, Prix du Jury à Deauville, prix des meilleurs film, acteur et actrice à Sundance... Pour un premier film, on a connu pire accueil.

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